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Yves Boisset : Un cinéma d’action et de réflexion

jeudi 1er mars 2012, par Journal de la Corse

Yves Boisset, président du jury du dernier festival italien de Bastia ; auteur d’un livre paru il y a peut. Deux actualités pour rencontrer un cinéaste à part et important.

« La vie est un choix », un beau titre pour un livre qui illustre bien l’itinéraire d’un homme de cinéma dont des œuvres comme « Dupont Lajoie », « RAS », « Allons z’enfants » ou « L’attentat » gardent une singulière pertinence, et qui plus récemment est l’auteur de films marquant pour la télévision : « L’affaire Dreyfus », « Jean Moulin », « L’affaire Salengro » pour ne citer que quelques réalisations. Plus qu’une simple autobiographie ou un recueil d’anecdotes « La vie est un choix » apporte un éclairage sur une partie de l’histoire du cinéma, sur ses mécanismes de production et de réalisation vus et vécus par un cinéaste confronté à des difficultés de tous ordres et en particulier aux turbulences de la censure. Censure, franchement politique telle que l’incarne Anastasie et ses ciseaux. Sournoisement économique quand sont coupés, ou taris les sources de financement. Démêlés significatifs par les tensions et les pressions qui ont pu obérer certains projets sans toutefois bloquer l’élan, le souffle, la justesse et l’originalité d’un cinéaste à l’œuvre rare dans le panorama du cinéma français puisqu’elle se situe entre le film noir américain et le film politique italien des grandes années. Créneaux trop peu fréquenté sur les écrans hexagonaux Un cinéma alliant action et réflexion c’est ainsi que Boisset définit sa démarche et son propos. Un cinéma fondé sur des enquêtes fouillées, dès lors que les thèmes traités sont politiques ou sociaux, avec pour marque de fabrique une vigilance extrême accordée au réalisme des faits, des personnages, des lieux. Un cinéma dont le but affiché est une recherche de la vérité toujours si peut consensuelle, souligne le réalisateur. Son ambition ? Mener « le combat contre la bêtise satisfaite, la démagogie, la lâcheté triomphante et l’injustice », écrit-il en conclusion dans « La vie est un choix ». La guerre d’Algérie, le racisme ordinaire, la délation, le SAC (Service d’Action Civique de Pasqua), les errements de la justice, le poids de la pègre, la liquidation de Ben Barka, Boisset a eu le courage de s’attaquer à des fautes et des dysfonctionnements intolérables de notre société. Animé d’une curiosité aiguisée il pratique en fait cette citoyenneté tant encensée et célébrée pour finalement la diluer trop souvent dans un jus de formol.

Michèle Acquaviva-Pache

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