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Francette Orsoni : « La légende a souvent un fonds historique… Le conte s’inscrit dans un parcours initiatique individuel. »

vendredi 13 septembre 2013, par Journal de la Corse

La différence entre la légende et le conte ?

Ils se développent dans des domaines différents. La légende a souvent un fonds historique. Elle est représentative d’un contexte géographique et social. Le conte s’inscrit dans un parcours initiatique individuel.

Comment s’organise le passage de l’oral à l’écrit, du registre de la conteuse à celui de l’auteur ?

Il faut être simple et jouer sur l’image. Pour moi, il est indispensable d’être toujours sur le mouvement et de rester dans le rythme du langage parlé avec un phrasé proche de la parole. Il me semble que l’important est de coller aux mécanismes de l’oralité. De l’oreille.

Les caractéristiques des personnages et du message dans le conte ?

Dans le conte, les détails sont indispensables pour restituer les personnages dans toutes leurs nuances. Les contes se nourrissent ainsi de l’observation fine du réel. Dans « Miseriu », le forgeron est un prototype de mauvais caractère, mais il est aussi un bon vivant, qui aime la tranquillité, ce que doit exprimer des éléments. Dans ce conte, les interventions de la mort illustrent bien encore combien, en Corse, on a d’intimité avec elle, ce qui nous conduit fréquemment à ironiser à son sujet. Pareil pour notre rapport étroit à la maladie comme dans « Le Mal de tête, le Point de congestion et la Mort », cette maladie objet de tant de nos conversations.

Reste-t-il des trouvailles à faire dans la collecte de contes et légendes insulaires ?

Il peut toujours y avoir des découvertes comme celle que j’ai faite en 1986 avec le Basgiliscu ! Personnellement, j’ai sous le coude quelques contes inédits dotés de différentes variantes.

Quelle part peut revenir à la création dans un conte qui relève de la tradition ?

Les conteurs sont pareils à des archéologues. Ils possèdent des traces, des ossatures qu’ils donnent à voir en mettant de la chair. En brodant. Sans toutefois tourner le dos à l’oralité.

« Ninu et la Mère des vents » est un merveilleux album. Comment l’auteur que vous êtes, est-elle parvenue dans ce livre à une véritable osmose avec une illustratrice telle que Véronique Joffre ?

Un bonheur que la réalisation de cet album ! « Syros », l’éditeur qui a beaucoup aimé ma manière d’écrire m’a proposé de choisir entre plusieurs illustrateurs. J’ai tout de suite adoré la palette de couleurs et de formes pleines de tendresse et de maîtrise de Véronique… On aimerait retravailler ensemble !

Comment vous est venue l’idée de « Capisci Bè », méthode d’apprentissage du corse ?

Par nécessité, en me retrouvant face à des classes bilingues devant lesquelles je devais multiplier gestes et gesticulations pour faire comprendre des histoires en corse. Je voulais dépasser banalité et formalisme, c’est pourquoi j’ai imaginé un théâtre d’images à dérouler devant les enfants, tout en m’exprimant complètement en corse. Ce théâtre d’images, je l’ai également doublé de vignettes pour que les enfants puisent jouer entre eux.

Vous proposez aussi des spectacles. La scène transforme- t-elle le conte en théâtre ?

Théâtre et conte sont deux expressions artistiques différentes, qui ne doivent pas être confondues. Le conte a sa forme originale et son espace singulier où il ne doit pas y avoir de ruptures du récit… Il faudrait, en tous cas, arrêter d’établir des hiérarchies entre les spectacles !

Les thématiques nouvelles que vous aimeriez aborder dans contes et spectacles ?

Les récits de vie dont certains sont très durs. Les choses étranges, magiques proches de la sorcellerie…

Propos recueillis par M.A-P

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