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L’énigme des origines

vendredi 13 septembre 2013, par Journal de la Corse

Cet été, nous avons eu l’occasion d’assister à une conférence organisée par les dirigeants de la revue « Kallisté ». Ils exposaient les buts humanitaires et émouvants de leur magazine en faveur des enfants corses malades.

Ce nom de « Kallisté » est aimé par tous les Corses. Il est flatteur pour leur pays et correspond tellement à la réalité. Cette pensée nous entraîne dans une réflexion sur les premiers temps de l’île. Quels en furent les premiers habitants ? « Kallisté » nous avait conduits vers l’aube de notre histoire. Celleci nous présentait ce millénaire d’avant notre ère connu comme étant l’âge du fer. Ce furent les Phéniciens qui, les premiers, avaient transmis ce nom « Callista ». Mais était-ce bien celui que lui donnaient ses premiers habitants ? Les Phéniciens ouvrirent l’histoire, munis de leur langue et de leur écriture alphabétique. Mais cet alphabet correspondait-il aux sons et à la prononciation de la langue des autochtones, autrement dit de leur glosse ? Ce nom nous vient des envahisseurs. Ils nous l’ont donné en héritage. Mais ils n’ont pas été les seuls à vouloir le transmettre. Et ces noms que nous devons à tous les auteurs des invasions successives de ces premiers temps n’ont fait qu’ajouter à la confusion des uns et des autres. Bref, ces noms de l’île ne nous renseignent pas sur ceux qui furent nos premiers ancêtres. Il suffit de les énumérer pour en juger. Hesiode (8e siècle A-C) les nomme Tyrséniens sur lesquels régnèrent les fils d’Ulysse et de Cyrcé. Si l’on en croit Ovide, le premier nom de l’île fut « Terapne ». Lycophreon , poète hellénique du troisième siècle avant notre ère transmet celui de « Cerneate » ». Mais Callimaque d’Alexandrie à la même époque attribue à l’île celui de « Tyr ». Les Grecs l’appelèrent « Kurnos » (nom qui rappelle Cerneate mais qui montre aussi la difficulté de comprendre la prononciation autochtone) Les légendes s’y mettent en même temps qu’elles indiquent la culture des envahisseurs. Les traditions reprises par les historiens corses Filippini et Pietro Cirneo font de Kurnos le fils d’Herakles dont l’île prit le nom. Cette légende nous a été léguée par Denys d’Halicarnasse et par Diodore de Sicile. Si l’on écoute Strabon, Corse viendrait de « Corsus » fils d’Hercule. Isidore de Séville pour sa part nous raconte l’histoire de Corsa. Cette vachère ligurienne aurait découvert l’île en suivant un taureau italique qui traversait la mer à la nage, jusqu’à de riches pâturages. Finalement les noms de Corsica et de Cirnu ( Cyrnos ou Kyrn) ont prévalu à travers Romains et Grecs eux aussi envahisseurs. Alors, pour parler de ceux qui peuplèrent la Corse pendant la nuit des temps depuis le début de la période quaternaire, puis la préhistoire des âges de la pierre polie, du cuivre et du bronze, des « stantari » et « stazzone » on a finalement opté pour le nom de « Korsi » Il est ainsi orthographié dans les textes français, pour qu’on ne le confonde pas avec celui de « Corsi » qui est celui des Corses d’aujourd’hui. Mais rien n’éclaire pour le moment et sans doute à jamais le vrai nom des autochtones de cette île. C’est l’énigme des origines.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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