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VOIX VIVES

jeudi 16 février 2012, par Journal de la Corse

Eté 2012. Date prochaine du festival de Sète « Voix vives de la Méditerranée ». Accueil des poètes venus de toutes rives. Parrainage de Paul Valery, bien sûr, pour cette fête de la poésie dans sa ville natale. Et qui ne connaîtrait, ne fut-ce que par ouï-dire son Cimetière marin, « Ce toit tranquille où marchent les colombes ». Des bateaux aux grandes voiles sur fond de mer comme oiseaux dans le ciel. Et le poème finit en boucle :» Le vent se lève….il faut tenter de vivre. » L’auteur dans sa jeunesse avait voulu être marin. Tentation issue de l’irradiation familiale des Valery du Cap Corse. Plus précisément une famille d’armateurs de Lavasina, près de Bastia. C’est pourquoi on peut le considérer comme un poète et écrivain corse d’expression française, comme tant d’autres dont la liste serait longue. Parmi ceux de sa génération, Vincent Muselli, et cette femme-poète, Diane de Cuttoli, qui eut son heure de renommée. Paul Valery a entretenu avec elle des rapports littéraires. Il lui avait écrit : « Vous êtes un grand poète qui sait imposer par l’art ses émotions et ses pensées. » Avait-il été séduit par un de ses poèmes « O claires baigneuses ». « Intrépides, braves, délivrées d’entraves… Ô sœurs belles comme l’été. » ? Avait-il aimé ces vers magnifiques dans le goût de l’entre-deux guerres et ces nageuses du golfe d’Ajaccio ? Toujours est-il qu’elle fut couronnée deux fois par le prix de la poésie de l’Académie française. Et c’est à remarquer. Paul Valery lui déclara en 1935 :» Je vais vous avouer un désir que vous comprendrez bientôt peut-être. J’ai songé à me retirer définitivement en Corse, à y vivre. Je voulais me protéger de Paris. » Retenons cette définition de la poésie par cet immense poète : « Le poème, cette hésitation entre le son et le sens. » Paul Valery aimait « les harmonies premières. » Il écrivait : « La voix humaine me semble si belle poésie à sa source… » Son souvenir convient tout à fait pour parrainer le festival des voix venues de toutes parts à Sète. En 2011 on y avait entendu un poète palestinien et un poète israélien réciter leurs poésies sur la guerre et sur la paix. Valery pratiquait l’alexandrin et son hémistiche de repos. C’est la manière d’être des versifications orales et de leurs versets chantés ou psalmodiés avec leurs balancements. C’est bien cette poésie de l’oralité que l’on retrouvait dans les complaintes funèbres ou les « nanne » d’autrefois des poétesses corses. Ces poètes palestiniens sont bien les héritiers d’un patrimoine multi millénaire des versifications orales, de même que Valery avait hérité lui aussi de la concision et de la concentration virgilienne. La poésie c’est aussi ce bond dans le temps et dans l’espace aux hasards de récitatifs parallèles, concis et précis. Paul Valery, avec sa subtilité et ses mystères est de cet héritage.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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