« Le grammairien [est devenu] une sorte de naturaliste qui observe et décrit dans son ensemble l’état d’une langue à une époque donnée, sans en négliger les origines ni les tendances, mais sans vouloir juger celles-ci ni se targuer de les modifier. »
(P.Gaiffe)
Toutes les langues naturelles décrivent et découpent un univers de référence. Aucune d’entre elles ne le fait pourtant de la même façon. Bien plus chacun des locuteurs d’une langue donnée possède sa propre grammaire et la met en œuvre quotidiennement sans qu’il lui soit nécessaire de la rendre explicite. On dira donc de la grammaire d’une langue qu’elle rend explicite à travers de multiples analyses les niveaux et les mécanismes qui articulent la langue commune. Morphologie et syntaxe en sont les composants essentiels. Les difficultés surviennent dans les apprentissages dès lors que cette langue, communément utilisée devient objet d’étude. La discipline grammaticale rebute plus ordinairement qu’elle ne suscite l’enthousiasme. C’est compliqué et ça ne sert à rien entend-on le plus souvent. Il n’est cependant rien de plus nécessaire, pour la survie même d’une langue, que d’en faire un objet d’étude et de savoir l’utiliser pour rendre compte de l’analyse effectuée. La « Grammatica di u corsu » que propose aujourd’hui, après de multiples ouvrages consacrés à la langue corse, Gilbert Romani, se veut un outil simple et adapté, sans prétention à l’exhaustivité, au service de tous ceux qui professionnels ou non, débutants ou confirmés ont à connaître du fonctionnement de la langue corse ou désirent le comprendre mieux. L’entreprise doit être saluée pour elle-même. Elle consacre de plus en toute simplicité la langue corse comme langue d’étude et de travail dans un champ disciplinaire souvent réputé ardu. Ce mérite-là doit être souligné et justifie à lui seul l’attention que porteront à l’ouvrage les publics auxquels il est destiné.
Jean Vincensini
Grammatica di u corsu de Gilbert Romani. Sonoritas éditeur.119p. 15€