Récit-témoignage pour un document sur l’occupation de Bastia par celui qui fut président du Tribunal de commerce de Bastia, également chef d’entreprise et fondateur du premier judo club de Bastia. Gérard Comte fut également un jeune pendant la Seconde guerre mondiale, témoin d’une époque qui a marqué la ville et les esprits. Retour sur ce temps pas si ancien.
Devoir de mémoire
Alors que le musée Bastia accueillait l’an passé une exposition intitulée « Bastia 1943. L’occupation italienne vue par les enfants », la mémoire ne cesse d’être convoquée pour ne pas oublier une période importante. Si les enfants avaient réalisé des dessins, les photographies d’époque étaient aussi présentes, de même que documents et objets de la période de l’occupation italienne (novembre 1942-septembre 1943). Les photos illustrent aussi le témoignage imprimé de Gérard Comte qui montre les ravages de la guerre dans l’enceinte de la ville, tant sur les bâtiments que sur les gens.
Corse occupée, puis libérée
La zone libre ne le fut plus dès lors que les alliés décidèrent de débarquer en Afrique du Nord française, soit le 11 novembre 1942. La Corse fut alors envahie par l’Italie (encore !). La présence italienne sur l’île modifie la vie quotidienne, notamment pour tout ce qui concerne le ravitaillement. Gérard Comte évoque le problème de fourniture du gaz, auquel contribuait la société de son père. Il parle aussi de l’effet visible de la défaite sur les soldats italiens, après le torpillage des bateaux, la fin des chemises noires dans la ville, la résistance qui se renforce, « nous sentions tous à Bastia, comme ailleurs, que l’heure du désastre avait sonné pour l’Italie ». Sans oublier aussi les bombardements alliés qui ont considérablement modifié le visage de la ville. Enfin, il y a eu les goumiers marocains qui en prenant le col de Teghime ont grandement contribué à la libération de la ville le 3 octobre 1943. Entre ces épisodes, il y a eu des événements plus ou moins importants, décrits par le prisme d’un élève de l’école Saint-Joseph préparant son bac, côtoyant des héros ordinaires et des soldats des armées déchues. Le style n’est pas celui du journal intime, même si le récit se fait à la première personne. Les faits historiques côtoient les souvenirs pour donner un certain relief à ce témoignage.
Myriam Mattei
Gérard Comte, Bastia sous l’occupation 1942-1943, éditions Anima Corsa, 91 pages, 14€