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UN RECIT PRENANT D’ANTOINE CIOSI.

jeudi 1er décembre 2011, par Journal de la Corse

Antoine Ciosi. Comme il a déjà été écrit de lui et de son talent spécifique, il a tenu et tient encore une place centrale de la Corse chantante, mêlant dans son cœur lyrique la vigueur sentimentale et les accents de la tradition insulaire. Peu, comme lui, ont su, ou savent toujours, unir une élocution remarquable servant une noble voix à un attachement presque passionnel à son île natale. Non que bien d’autres pèchent par manque de sincérité, de talent et d’amour du pays, mais Antoine est de ces initiateurs qui sauvèrent le chant corse au moment où il fut très menacé. Sans compter le style qui lui est propre, le style dont André Malraux écrivit qu’il est l’homme. A la lisière de l’oubli, avec quelques autres de ses confrères et consœurs, mais jouant un rôle primordial au sein de la France entière et à Paris notamment pour le plus grand bonheur des Corses qui y vivent, il chanta « a voce piena » un bonheur oui mais aussi une priorité partagée. Songeons pour l’exemple à des chants vraiment réapparus comme « A Moglia di u Piscadore », « Manetta », « A Pasturella », « I Sunetti satareschi, etc (1) Mais voici qu’Antoine Ciosi vient de signer un volume attachant, contenant quatre CD consacrés à sa propre biographie, le texte se déroulant autour du personnage essentiel que fut sa mère. (2). Aucun narcissisme déplacé ne s’en mêle. C’est une voix prenante et un texte altruiste que l’on entend, comme peut l’être tout don de soi. S’ajoute au contenu des quatre albums le texte écrit. Le tout en corse. Et quel corse ! Sans préciosité ni affectation mais doté de la franchise du cœur et de l’autorité souveraine du dire. Voici quelques thèmes utilisés : la veillée à peu de temps de Noël, la mère active et de bon cœur, le fascisme italien et la guerre d’Espagne dispersant nombre de familles et l’accueil que leur fit la Casinca, « Murinu », le plus doux de la race asine, la mort du père, la fournée, œuvre maîtresse, la mère, Antoine berger et les agneaux, la fin de la guerre et l’avenir incertain, les campaniles, le départ et l’engagement d’Antoine devenu chanteur au Théâtre Mogador, etc…. Et pour achever, un poème à la mère disparue.

« A te chi dormi quassu / In una tomba bianca / Cintulata di machja / E di castagni persi / A te chi m’hai datu vita / E allevatu cun stantu / Accantu a u to culombu. »

Cette production est un précieux témoignage. Historique et humain.

Vincent Azamberti

(1) Ce texte ne peut qu’échapper à toute personne n’entendant point le corse. Mais une version française est prévue

(2) Cf. l’album « A voce piena ». Casa 20220 Pigna CDCASA 25

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