Sous le signe du corse et du portugais
Rosa Alice Branco invitée du Printemps des Poètes célébré par l’association de soutien au CCU (Centre culturel universitaire). Une célébration avec un objectif d’importance : la réalisation d’une anthologie corse-portugais de poésie, ouvrage édité et diffusé au Portugal.
Poète, philosophe, professeur d’enseignement supérieur, diplômée de plusieurs disciplines scientifiques, organisatrice de festivals et de rencontres poétiques, auteur de nombreuses publications Rosa Alice Branco assume la traduction de cette anthologie qui réunit des œuvres de sept poètes contemporains corses. Elle est venue récemment dans l’île pour des sessions de traduction qui se sont déroulées sur trois jours en trois lieux différents : Sisco à la Casa Ramelli, Corte au CCU, Bastia au local du Centre Salvatore Viale. Trois sites, trois journées pour que l’aspect universitaire de ces séminaires fasse la part aux échanges avec le public et revêtent une tonalité plus vivante. Plus spontanée avec tous, experts ou non. Se fondant sur la qualité des œuvres, sur leur portée dans la longue durée Rosa Alice Branco a retenu des poèmes de Patrizia Gattaceca, Lucia Santucci, Sonia Moretti, Alanu di Megliu, Ghjacumu Fusina, Jacky Biancarelli, Ghjacumu Thiers. Le souci de voir la langue corse traduite en langue étrangère préoccupe le CCU depuis une dizaine d’années. La traduction n’est-elle pas à l’évidence un moyen d’apporter sa pierre à l’édification d’une littérature corse, moins soumise aux aléas ! Selon Ghjacumu Thiers, directeur du CCU, traduire présente d’incomparables avantages : nourrir l’imaginaire de ceux qui écrivent ; leur offrir une possibilité de diffusion hors de l’île d’autant plus intéressante qu’ici la production insulaire a souvent peu de visibilité ce qui ne facilite ni son accès ni sa « consommation ». Si l’acte de création vaut par lui-même, avoir des lecteurs, avoir une audience ne renforce-t-il pas ses raisons d’exister ? Traductrice réputée, poète exceptionnel Rosa Alice Branco, qui a un grand amour pour la Corse, joue un rôle de médiatrice littéraire et éditoriale dans cette entreprise d’envergure qu’est cette anthologie corse-portugais de poésie. Est-il nécessaire de rappeler encore qu’il y a dans l’île de nombreux locuteurs lusophones et qu’outre-Atlantique le Brésil est l’un des plus peuplés et des plus dynamiques pays émergents (BRICS) ?
Michèle Acquaviva-Pache