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Un festival très « Temps Danse »

jeudi 14 juin 2012, par Journal de la Corse

Edition « Plateforme Danse » 2012 sous le signe d’une grande qualité et d’une large diversité. Trois soirs consacrés à la danse contemporaine, quelle aubaine !

En vedette de ce festival bastiais pas comme les autres : la célébrissime compagnie de Mathilde Monnier, directrice du centre chorégraphique de Montpellier Languedoc Roussillon – ce qui se fait de mieux dans le genre… Au programme « Tempo 76 », neuf danseurs et danseuses pour un spectacle constellé de clins d’œil ironiques – caustiques – à des scènes de la vie en société. Argument majeur : l’unisson qui fait marcher au pas ou chanter en chœur, qui raffole de parades de cirques ou de défilés de mannequins. Unisson investigations de réflexes collectifs avec à l’opposé le positionnement de l’individu. Au départ il y a cette odeur puissante d’herbe coupée provenant d’un gazon naturel qui rappelle immédiatement celui des stades, références s’il en est au collectif. Au groupe. Gazon, écho réaliste d’une nature domptée, domestiquée, qui se révèle in fine comme un banal revêtement de sol qu’on peut ajuster, manipuler, découper, façonner. Tonique et pleine de fantaisie la chorégraphie de Mathilde Monnier. Sur le fond « Tempo 76 » nous dit que l’unisson ne rime pas forcément avec uniformisation et que l’inverse n’est pas équation avérée non plus. Avec « Au fait qu’est ce qu’il a voulu dire l’auteur ? » des collectifs « Art Mouv’/ Zone Libre » et « Jeu de Jambes » on a une pièce à la fraîcheur grinçante sur un rythme vivifiant avec utilisation maximale d’accessoires minimalistes (judicieuses ces chaises d’une transparence lumineuse). La chorégraphie acclimate hip hop et univers du jazz tout en connotant le cinéma muet… si parlant au plan musical et fort bien restitué par la création sonore. Il y a là des instants de cocasserie et des épisodes de poésie. Et toujours cette vivacité stimulante pour le regard et pour l’oreille. Très ambitieuse la proposition déclinée par la compagnie de Mauro Paccagnella de Bruxelles. Cette parodie de la tétralogie wagnérienne désarçonne (c’est son but). Le mythe des Nibelung revu et corrigé par le recours au dérisoire… Ridicule et grandeur de l’humain ! A souligner la remarquable partition vidéo de Stéphane Broc. Belle idée d’Hélène Taddei-Lawson d’associer les jeunes de « Sutdidanza » dans une intéressante première partie, et les enfants du centre ancien de Bastia pour l’assurance du geste et la spontanéité du fou rire.

Michèle Acquaviva-Pache

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