Il en est de la musique comme de toutes les disciplines culturelles. On peut, grâce à une perception auditive et à une certaine forme d’intelligence, apprécier des œuvres accessibles à tous, mais on peut aussi user de la même perception pour seulement une part limitée d’ouvrages. Il n’est pas donné à tous les mélomanes de tenir pour acquis le contenu et le sens de bien d’autres œuvres. Un exemple parmi bien d’autres : les symphonies étonnantes de Bruckner et de Mahler, pourtant entrées dans le répertoire classique des plus prestigieux orchestres du monde. Sans parler de la « musique savante » des temps modernes, comme certains la nomment. Par bonheur, dans l’immense quantité de productions musicales exécutées et enregistrées, il se trouve que l’amateur moyen puisse trouver à satisfaire son goût limité pour la musique, grâce à des parutions très abordables. Ainsi par exemple de cet album, intitulé « Méditation » pour violoncelle et harpe proposé par les Editions Bayard (1). Le violoncelliste concerné est Frédéric Dupuis, la harpiste, Joanna Kozielska, solistes d’indéniable qualité. Ce CD contient treize pièces dont une bonne part est constituée de compositions bien connues. Ce qui n’ôte rien à leur attrait. Citons le Nocturne en do dièse mineur de Chopin, « Le Cygne » tiré du « Carnaval des animaux » de Saint -Saëns, « Après un rêve » de Gabriel Fauré, La « Pavane pour une infante défunte » de Ravel, « Gymnopédie n°1 » d’Erik Satie, etc… ; Quelques autres pièces moins répandues complètent le programme de cet album. Citons une partie de la « Suite n° 1 en sol majeur » pour violoncelle de J.S. Bach (un grand classique toutefois), « l’Ave Maria « de G. Caccini, la « Romance sans parole, op.109 de Mendelssohn, etc. Le « Nocturne en do dièse mineur de Chopin est dépourvu de tout sentimentalisme gratuit. Quand comprendra-t-on une fois pour toutes que Chopin n‘est pas un éploré ? « Après un rêve » de Gustave Fauré est une mélodie du maître souvent donnée. Il faut dire que son pouvoir de séduction est fort. On y trouve cette conviction formelle du compositeur, préférant toujours la persuasion à la force. Qui était Giulio Caccini ? Ce musicien Italien (1550-1618), vécut principalement à la cour des Médicis. La Romance sans parole de Mendelssohn est tirée des « Huit cahiers des Romances sans paroles » Une sorte de transposition, dirait- on, d’un lied de Schubert. Elle en a la fraîcheur de l’inspiration. Quant à la Gymnopédie de Satie, quand on sait la singulière personnalité du compositeur, on ne s’étonne pas de sa simplicité, écrite à une époque de surenchère et de luxuriance.
Vincent Azamberti