Umberto Giordano (1867- 1948), élève du Conservatoire de Naples, présenta son premier opéra « Marina » au concours organisé par Edoardo Sonzonio et remporté mémorablement par Pietro Mascagni pour son opéra célèbre « Cavaleria Rusticana ». « L’André Chenier » de Giordano connut une triomphale création milanaise en 1896, faisant de son auteur un des plus illustres de la jeune école italienne : le vérisme musical. (1). Quelques uns de ses opéras ultérieurs, dont Fedora, Siberia, Madame sans gêne enregistrèrent des succès notables. Fedora, opéra en trois actes rapporte l’histoire de l’amour tragique du comte Loris Ipanov, un nihiliste Russe pour la princesse Fedora Romanov. Une version séduisante de l’oeuvre se propose depuis peu avec Angela Ggheorghiu et Placido Domingo, principaux interprètes vocaux, l’Orchestre et les choeurs de La Monnaie de Bruxelles dirigés par AlbertoVeronesi. Le coffret contient un texte d’un sûr intérêt de Michele Gerardi « Une prima donna tourmentée par le passé » ainsi que le livret d’Arturo Colautti .L’ouvrage est inspiré d’une pièce e Victorien Sardou, l’auteur de Tosca qui séduisit Puccini. Nous avons affaire là à une version marquée indubitablement par le concours prestigieux d’Angela Gheorghiu et de Placido Domingo. On ne présente plus ces deux artistes lyriques. Domingo est un artiste complet. Ne sait on pas qu’il est aussi chef d’orchestre et qu’à ce titre il a conduit au Met, au Covent Garden, à Vienne,etc... Les nombreux personnages qui complètent la distribution ne déméritent point. Quant à Alberto Veronesi, il impose une direction expressive. Du texte de Michele Gerardi, on fera référence à quelques unes des idées qui s’y proposent. Victorien Sardou donc. Comme Tosca, a-t-il déjà été mentionné. Les deux pièces sont taillées sur mesure pour l’une des grandes artistes de la fin du XIXe siècle, soit Sarah Bernhart. Pour la création, Giordano conduisait et il avait choisi pour le rôle de Loris Enrico Caruso encore inconnu. L’oeuvre est captivante et riche en coups de théâtre propres à maintenir l’attention du public. On notera dans l’ordre des mouvements esthétiques que Giordano entendait prendre ses distances avec le vérisme ; mais sa nature impétueuse le poussa à suivre les modèles encore frais d’une conception lyrique à ses débuts. Cette reprise de Fedora est aujourd’hui un événement lyrique qui mérite des suites fécondes.
Vincent Azamberti
(1)Rappelons que parler de vérisme c’est évoquer les principes de l’école naturaliste de l’opéra italien.
(2)Deutsche Gramophon 00289 477 8367