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Théâtrales 2011

jeudi 7 avril 2011, par Journal de la Corse

Theatrales 2011

Une édition sous le signe de la diversité

Deux spectacles bien différents ont pu attirer l’attention : le rire avec « Le grand saut » et « Bastia l’hiver » dans sa singularité cruelle et désespérée.

« Le grand saut » est le premier one man show de Didier Ferrari, qui nous invite à partager des moments cocasses ou tendres des âges de sa vie et de son apprentissage de comédien, très loin d’être roses et tranquilles. Entre rire et sourire des instants d’émotion émaillés de jolis ou grinçants souvenirs reliés par les fils de l’autodérision. Ferrari ne se prend pas au sérieux et n’est jamais vulgaire, deux atouts maîtres chez un comique. On entre vite dans son jeu parce qu’en le regardant sur scène on a un peu l’impression de capter sa propre image dans un miroir. A son actif encore une mise en scène solide, intelligente, efficace … ce qui ne gâte rien ! « Bastia l’hiver » de Noël Casale, interprété par Antonia Buresi sur le thème de la disparition d’un homme qui ressemble beaucoup au footballer, Bianconi, nous vaut un excellent moment de théâtre. Brûlure douloureuses, insupportable de l’absence d’un être aimé, littéralement volatilisé dans une rue bastiaise. Remarquable travail scénique avec des variations très justes sur la nudité, jamais utilisée de façon exhibitionniste, mais comme un langage en soi accordé à la souffrance, à la révolte, à l’amour. Dans « Bastia l’hiver » il y a tout « Le cri » de Munch, ce tableau immense. Des « Trois » de Paul Grenier, Christian Ruspini, Olivier van der Beken, on retiendra surtout les savoureuses séquences chantées qui sans en avoir l’air lancent quelques vérités bien senties et drolatiques. Stimulant ce côté « Frères Jacques », version rockers. Inédit même sur la scène contemporaine cette reprise réactualisée de l’étonnant et percutant groupe des années 50-60. Mais l’aspect café philo du spectacle est moins convaincant et rompt un peu le rythme de l’ensemble. De bons acteurs, un bon metteur en scène … et Pirandello. Pourtant la mayonnaise n’a pas pris à Bastia avec ces « Histoires courtes » présentées par la compagnie Nénéka. Ton trop décalé par rapport au texte du dramaturge sicilien ? Trop policé dans le dépouillement ? Textes un peu vieillis ? Autant de réserves et d’interrogations qui ne valent pas pour la quatrième pièce en un acte, qui elle emportait l’adhésion … Nous reviendrons plus amplement sur « Des raisons … des tas ! » par Locu Teatrale et sur « E Sirene » par « U Teatrinu », une représentation non vue faute de dé-reprogrammation. Un bravo aux organisateurs pour leur judicieux emploi du plateau du théâtre bastiais où prenaient place spectateurs et acteurs.

Michèle Acquaviva-Pache

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