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Suite et fin de la série « Le Bagne de la Honte »

jeudi 15 décembre 2011, par Journal de la Corse

« Le Bagne de la Honte » 2 vient de sortir aux éditions DCL. L’opus, très attendu, conclut une série émouvante, mettant en scène de véritables personnages : les enfants qui vécurent au bagne de Castellucciu, à Ajaccio, sous Napoléon III. Intitulé « Francesca », l’album met en scène une histoire impossible, entre un jeune bagnard breton de 17 ans, et une paysanne corse. Un récit déchirant, récompensé par le Grand Prix d’Ajaccio 2011. Une édition intégrale, réunit également les deux albums de la série dans un coffret. Rencontre avec le scénariste, Frédéric Bertocchini.

Frédéric Bertocchini, le tome 2 du « Bagne de la Honte » est arrivé en librairie. « Francesca », nous sommes étonnés par ce titre...

En effet. Les enfants envoyés au bagne de Castellucciu étaient tous des continentaux. De ce fait, ils n’avaient pas vraiment l’occasion de rencontrer des petits Corses. Le premier épisode de la série était documentaire. Nous voulions vraiment, avec Eric Rückstühl (le dessinateur), montrer ce qui s’est passé, les horreurs de ce bagne, les sévices, les privations, la violence. Bien évidemment, ce contexte historique et le réalisme sont toujours présents dans le second épisode. Toutefois, je voulais apporter quelque chose de fort, déjà pour éviter de tomber dans le misérabilisme, mais aussi pour donner de la chaire au récit, au travers une intrigue sentimentale.

C’est-à-dire ?

Nous avions laissé notre Joachim, le héros, dans une situation périlleuse à l’âge de 12 ans. C’était le « vautour », c’est-à-dire qu’il était le souffre-douleur d’un petit caïd qui le martyrisait. Dans ce second épisode, Joachim a grandi. Il a 17 ans. Il est devenu grand et costaud, et a pris la place du « marle ». C’est-à-dire qu’il est devenu lui-même une sorte de caïd au sein de la communauté pénitentiaire. Dans ce second et dernier épisode, Joachim tombe fou amoureux de Francesca, une jeune Corse de son âge. C’est la fille du garde-champêtre, Leccia, qui vit non loin du pénitencier. Bien évidemment, une histoire entre un jeune bagnard et une paysanne corse, était pour le moins impossible...

C’est une histoire vraie ?

Le contexte est véritable. Les personnages ont vraiment existé. Nous avons essayé de rester au plus près de la réalité historique, tant au niveau scénaristique, que graphique. Toutefois, cette idylle entre Joachim et Francesca n’est que pure invention. Francesca est d’ailleurs le seul personnage de la série qui n’a pas existé. Au début, je pensais que ce personnage allait simplement apporter un peu douceur dans un monde de brutes. Finalement, au fil de l’écriture, je me suis aperçu que Francesca apportait au contraire une intensité dramatique supplémentaire. Une tension. Il s’agit en fait de raconter l’histoire impossible d’un jeune bagnard et d’une belle paysanne.

C’est la fin de la série ?

Oui. Nous voulions faire deux tomes. L’accueil des lecteurs a été incroyable après le premier volume. Nous avons été invités partout, pour présenter l’album, l’exposition, mais aussi pour en parler tout simplement. De nombreux établissements scolaires corses m’ont sollicité pour faire connaître cette histoire auprès des plus jeunes, afin de les sensibiliser. Et de nombreux rendez-vous sont d’ores et déjà prévus pour 2012. Le message est passé. En général, la bande dessinée historique s’intéresse à de grandes époques, de grands personnages. Là, nous avons mis en lumière des personnages oubliés de l’Histoire. René Santoni avait déjà commencé ce travail de mémoire dans son ouvrage « La Colonie Horticole de Saint-Antoine ». Nous avons apporté de l’image, de l’émotion.

La fresque historique corse s’arrête donc là ?

Oh non, pas du tout. Je prépare de nombreux albums, qui sortiront en 2012. Des thrillers, de l’aventure, des adaptations littéraires. Mais la grande fresque historique sur la Corse continue, toujours chez DCL, avec trois nouveautés qui sortiront l’année prochaine : « Sampiero Corso », avec Eric Rückstühl, « Libera Me » avec Miceal O’Griafa, Michel Espinosa et Pask, et enfin « Colomba », avec Sandro.

Propos recueillis par Philippe Peraut

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