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STAN GETZ, LE DERNIER ROMANTIQUE

jeudi 9 février 2012, par Journal de la Corse

« Je pense que le jazz est surtout l’affaire des Noirs », écrivait Stan Getz, mais, poursuivait il, « quelques rares Blancs peuvent en jouer aussi bien, d’une façon aussi originale que n’importe quel Noir. Pas beaucoup mais je sais être l’un d’entre eux. Sur scène je peux côtoyer n’importe qui et m’exprimer avec autant de force et de douceur qu’il est nécessaire ». Rien à ajouter à cette lucide auto évaluation. « Je n’ai jamais joué une seule note que je n’aie vraiment sentie au plus intime de moi même. J’aimerais que cette vérité soit mon épitaphe, écrivait-il encore. C’est John Coltrane qui a pu dire : « Faisons face à l’évidence : nous aimerions tous sonner comme Stan Getz, si seulement nous le pouvions ». Dès son enfance, pauvre parmi les pauvres, juif parmi les goys, Stanley Gayetski, de son vrai nom, a compris que la vie était une perpétuelle castagne. Jamais il ne s’est laissé faire ni n’a baissé les bras. Sans sensiblerie ni pause, sa musique dit la tendresse et la détresse, la douceur et la douleur, l’émerveillement de la musique et la violence du monde. On a pu écrire de sa musique qu’elle célèbre la vraie vie, celle qui ne parvient pas tout à fait à séparer l’amour de la mort. C’est l’un des grands lyriques du jazz. « J’ai l’air romantique quand je joue. Et c’est vrai, je le suis » disait- il. Il est bien dommage que sous la dépendance de la drogue celui qui fut l’un des plus grands saxophonistes de sa génération dût disparaître à 64 ans en 1991. On pourra vérifier tous ces dires à l’écoute de celui des enregistrements qui s’intitule « Le meilleur de Stan Getz » (1). On y trouve « Autumn Leaves », « My Funny Valentine », « Lullaby Of Briand », « Jumpin With Symphony Sid » et huit autres pièces habitées par l’aisance et la plénitude. Improvisateur de premier plan, véhément et raffiné à la fois, jamais mièvre et toujours inspiré, Stan Gest était d’une vraie élégance. Son album « Jazz samba » reste l’acte de naissance de la mode bossa nova, cette fusion du jazz avec la samba brésilienne. Ce fut un succès sans précédent dans l’histoire du jazz enregistré. A sa mort, il laissa à la postérité plus de 300 enregistrements, un corpus d’œuvres d’une qualité constante dans l’excellence.

Vincent Azamberti

(1) Les légendes du jazz. 7243 5 35275 2 5

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