La journée de la femme est devenue un rendez-vous incontournable ces dernières années. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle en Europe et aux États-Unis, réclamant l’égalité des droits, de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Elle a été officialisée par les Nations unies en 1977, invitant chaque pays de la planète à célébrer une journée pour les droits des femmes. Traditionnellement cette journée est dévolue aux conférences et à la diffusion de documentaires et de films faisant état de la condition féminine actuelle. Aujourd’hui, en effet, les femmes sont encore soumises à des violences et à des inégalités flagrantes notamment au niveau professionnel.
Comme tous les ans, la ville d’Ajaccio organise un certain nombre d’événements qui permettent de mesurer le chemin parcouru et celui qui reste à parcourir. Ainsi, cette année le ville a étalé l’événement du 5 mars au 10 mars où étaient prévues de nombreuses rencontres, des conférences comme « Quand les femmes s’éveilleront » par la psychothérapeute Valérie Colin-Simard qui a montré combien le " féminin " est vital, nécessaire à l’équilibre physique et psychique. "Puis cette année, le focus a été mis sur la place des femmes dans la résistance et notamment la figure de la Résistance corse, Danielle Casanova, à travers la projection-débat » Danièle Casanova, au nom de toutes les autres », réalisée par Marie Cristiani. Cette militante communiste morte à Auschwitz le9 mai 1943 fait partie de ces figures féminines incontournables de l’histoire de la Corse. Son exemplarité est soulignée par la résistante Charlotte Delbo, cette femme de lettres qui se trouvait dans son convoi et qui assista à sa mort alors qu’elle contracta le typhus. Danielle Casanova, née en 1909, son le vrai nom était Vincentella Perini à l’origine chirurgien dentiste, laisse dans les mémoires l’image d’une femme de conviction qui n’hésita pas à prendre des risques, même au sein du camp d’Auschwitz, où elle se rapprocha immédiatement de l’organisation clandestine menée par des communistes allemands qui existait dans les camps. Durant les quelques mois qui lui restèrent à vivre, elle contribua à faire connaître à l’extérieur la vérité sur les camps. Il était donc naturel de rendre hommage à Danielle Casanova et à travers elle à toutes les femmes corses qui se sont engagées dans la résistance. En effet, le rôle des femmes dans la résistance en Corse est très spécifique comme l’explique Hélène Chauvin : "Par leur engagement dans la Résistance, les femmes du Midi méditerranéen ont témoigné d’une conscience civique et politique qu’on aurait pu croire plus contrariée par les traditions culturelles locales. Mais à l’intérieur de cet ensemble géographique, ni la condition des femmes, ni les missions et les risques assumés par les résistantes n’apparaissent identiques". Moins politisées, dépourvues d’université, peu intégrées dans la vie active, pourtant elles s’impliquèrent autant que dans les autres régions de France. Elles furent cependant moins nombreuses à faire reconnaître leurs actes de résistance et à monter des dossiers... Leur place dans cette histoire fut longtemps inexistante et c’est comme un écho pour rappeler l’importance de cette journée de la femme. Ind’è noi si dice chì « una bella famiglia principia par una figlia è cusì sia ! »
Lisa D’Orazio