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Rencontre avec Pénélope Jossen

jeudi 1er décembre 2011, par Journal de la Corse

« Chagrin d’éléphant » est dédié à votre fille aînée. Est-elle une source d’inspiration pour vous ?

Comme sa sœur. Comme les autres enfants que je croise. Comme les idées qui sont dans l’air du temps et qu’on est jamais seul à détenir. Parce qu’on fait partie d’un tout. D’un ensemble.

Comme surgit une idée d’album ?

Si une image, une réflexion d’enfant peut être l’étincelle de départ, une histoire à dérouler, à construire c’est bien plus difficile. Parfois l’histoire est là en deux minutes, avec le dessin. Elle est là dans la tête. Mais parfois c’est laborieux ce qui n’est généralement pas bon signe ! Je préfère quand l’histoire se profile vite, quitte à la retravailler avec l’éditeur qui met le doigt sur ce qui ne va pas grâce à son regard extérieur.

Votre fil conducteur ?

J’essaie d’amuser. Je me méfie de ce qui ressemble à de l’idéologie car c’est dangereux. Si une histoire cloche, si elle n’intéresse que moi personnellement, je la laisse de côté …

Est-ce évident de trouver l’adéquation entre histoire et dessin ?

Il peut y avoir d’abord l’image, le texte arrivant ensuite. Mais le plus souvent, chez moi, les deux viennent ensemble. Je ne reste pas assise à ma table de travail durant des heures d’affilé, mais en faisant une chose ou l’autre dans la maison je pense constamment à ce que je suis en train de dessiner et de raconter. Au fond mon travail c’est ma manière d’être.

Si on vous demandait de définir votre style, que répondriez-vous ?

Le style n’a pas d’importance, ce qui en a c’est l’histoire. Elle doit être compréhensible. Le style n’est pas quelque chose sur laquelle on doit se polariser. Se concentrer. On ne se bâtit pas une identité avec un style ou une technique.

Dans vos albums il y a des animaux en peluche, des doudous. Est-ce essentiel pour vous ?

J’aime beaucoup les jouets parce que dans les mains des enfants ils deviennent vivants … D’où mon envie de les dessiner parce qu’alors ils prennent vie.

Vous vous adressez aux tout petits. C’est votre lectorat idéal ?

Le public des très jeunes enfants m’attire car je n’apprécie pas trop d’avoir à raconter des textes longs ! Ça changera peut-être plus tard … Je me souviens très bien de ma petite enfance jusqu’à cinq ans. Après je n’ai plus joué mais seulement lu sans arrêt. Sans doute est-ce de là que je me sens très à l’aise avec les tout petits.

Le cadre où vous travaillez – la Corse rurale – est-ce bénéfique à votre travail ?

J’ai grandi en Corse jusqu’à 18 ans. J’y suis revenue après mes études. Je crois que c’est bon de découvrir d’autres cultures. En fait je suis bien partout. Sauf que je ne me vois pas vivre dans une barre de béton et ce n’est pas une question de luxe mais de qualité de vie. Je ne pense pas que l’on soit influencé uniquement par le lieu où l’on habite mais par tout un environnement, par toute une époque.

Ce que vous n’aimez pas ?

Les croquis préparatifs surtout s’ils s’éternisent car le dessin perd en spontanéité. Quant au stress je l’évacue en étant libre de publier ou non, tout dépend si je suis satisfaite du résultat.

Quand un album est-il réussi ?

Quand il a de l’efficacité et qu’il amuse. Il lui faut également du fond mais sans lourdeur idéologique, et exprimer des sentiments qui ne baignent pas dans l’eau de rose ou le sirop !

Propos recueillis par M.A-P

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