Pourquoi le polar en vedette cette année ?
Aussi bien au grand écran que dans les séries américaines de télé le polar est un genre populaire, pareil en littérature. Au point de départ d’un film policier il y a souvent une enquête qui porte l’éclairage sur des conditions sociales et politiques. Le polar est une voie facile pour aborder les codes cinématographiques. A souligner la remise du prix Ulysse à Pierre Assouline qui est le biographe de Simenon et d’Hergé, père de Tintin, l’enquêteur.
Le polar n’est-il pas finalement, à sa manière, un champion de l’ordre établi avec ses policiers qui traquent le mal ou ce qu’on présente ainsi ?
Souvent c’est un prétexte … Il faut bien voir ce qu’on lui fait dire car il peut être désenchanté avec une histoire aboutissant à un ordre insatisfaisant qui est un autre désordre. La thématique du polar sert également de fil conducteur à l’exposition collective proposée par Dominique Ricci.
Pourquoi ne pas avoir fait des printemps arabes l’axe fort du festival ?
A l’affiche il n’y a pas plus de polars que de films sur les révolutions arabes puisqu’on peut les découvrir dans la compétition et dans le panorama 2011. Pour faire mieux comprendre ce qui se passe au Maghreb et au Machrek, Maati Kabbal de l’Institut du Monde Arabe de Paris présentera les œuvres illustrant ce thème et animera des discussions après les projections. Nous avons aussi un partenariat avec Avà Basta et les Tunisiens d’Ajaccio. En outre la réalisatrice de « Laïcité, Inch’Allah », Nadia El Fani sera là durant tout le festival.
Va-t-on découvrir de nouveaux et prometteurs cinéastes ?
Délicat de donner par avance une appréciation sur les cinéastes en compétition … Néanmoins on retiendra l’émouvant « Amador » sur des immigrés latinos en Espagne et l’ironie de « Footenote » de l’israélien Joseph Cedar.
Proposez-vous des réalisations inattendues par leur thème ou leur provenance ?
Nous projetons « Des navires, du rhum, et du chocolat » de la vénézuélienne, Malena Roncayolo qui évoque les Corses partis au Vénézuéla au milieu du XVIIe siècle, et « Au cul du loup » tourné entre la Wallonie et la Corse par le cinéaste belge, Pierre Duculot, un film d’une fraîcheur totale. Ces deux réalisations font d’ailleurs partie de la section corse, montée avec Jean François Vincenti, en charge du cinéma à la CTC.
Intervenez-vous dans la sélection des œuvres en compétition ?
Pierre de Gardebosc, le sélectionneur du festival depuis de nombreuses années nous envoie une foule de DVD dans un premier temps. Nous en retenons une bonne vingtaine. Au final on fait la sélection avec lui car son avis de professionnel est essentiel.
Quels artistes exposeront cette année salle des Congrès ?
Le commissaire de l’exposition, Dominique Ricci a choisi Agnès Accorsi (vidéo), Hervé Bruhat (photographie), Laetitia Carlotti, Marc-Antoine Orsoni, Vincent Milleliri, des plasticiens aux expressions très diverses.
Arte Mare est-il toujours un festival spécifiquement méditerranéen ?
Il n’est qu’à jeter un œil sur notre compétition pour le constater. Et puis c’est comme ça que le festival est connu et reconnu. Certes on a du s’adapter aux contraintes budgétaires et aux manques qu’elles ont entrainés. En revanche notre public a rajeuni.
Dans un monde globalisé pourquoi – à vos yeux – la Méditerrané reste-elle importante ?
Les tensions, les situations politiques que l’on vit en Méditerranée appellent à s’interroger sur des questions cruciales qui agitent le monde. Sans surestimer l’impact d’une manifestation culturelle c’est un espace de dialogue en liberté.
Propos recueillis par M.A-P