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Rencontre avec Mathilde Monnier

jeudi 14 juin 2012, par Journal de la Corse

« Tempo 76 » a été crée il y a cinq ans. Pourquoi présenter ce spectacle à Bastia plutôt que des créations plus récentes ? Par attachement tout particulier à cette réalisation ?

C’était le choix de Bastia... Dans la forme ce spectacle garde quelque chose de classique dans lequel les spectateurs ont donc des repères. « Tempo 76 » se présente comme un exemple de choses joyeuses à décoder sans qu’elles soient trop radicales si l’on est novice en danse contemporaine !

Pourquoi ce titre « Tempo 76 » ?

C’est en référence au métronome. A sa cadence « 76 » qui n’est ni trop rapide ni trop lente.

Depuis sa création en 2007 ce spectacle a-t-il évolué ?

On l’a beaucoup tourné puisqu’on a fait 80 dates, et durant ce laps de temps il a beaucoup changé. « Tempo 76 » s’est épuré, clarifié, simplifié pour être de plus en plus lisible. Maintenant on va à l’essentiel sans toutefois avoir touché à l’armature, à la structure.

La chorégraphie est réglée au millimètre. En êtes-vous le chef d’orchestre invisible ?

Les danseurs captent des indications grâce à des oreillettes. Pour « Tempo 76 » il y a vingt partitions possibles. C’est au dernier moment qu’est choisie celle de la soirée si bien que chaque soir l’interprétation varie. Les danseurs se trouvent ainsi dans l’immédiateté. Ils sont guidés comme nous dans notre quotidien, même si on n’en est pas conscients. Sauf à la fin du spectacle où survient une libération qui leur permet de faire leur le gazon sur lequel ils évoluaient. Alors ils le décollent. Ils s’en amusent.

Le thème de « Tempo 76 » c’est l’unisson soit la problématique de l’un et du pluriel. De l’individu et du groupe. Dans le monde où nous vivons cette réflexion vous parait-t-elle de plus en plus incontournable ?

Cette question me préoccupe depuis toujours. C’est la plus importante de celles posées par nos sociétés en changement constant. Sans arrêt on gère notre attirance pour le groupe et simultanément on veut préserver notre singularité. On revendique haut et fort l’individualité... tout en s’habillant pareil ! Toutes mes pièces abordent ce thème du collectif et de l’individu.

Dans « Tempo 76 » il y a une donnée sociétale et une dimension environnementale. Les deux vont de paire ?

Elles sont liées. Entre elles il y a interdépendance. L’individu ne peut être détaché de son environnement. La pièce se termine par une pirouette, par un jeu car s’il y a interaction entre l’humain et la nature, il y a aussi manipulation de la seconde par le premier.

A propos de votre travail peut-on avancer le mot de message ?

Je ne délivre pas de message. Je parle de façon directe pour que le spectateur s’approprie ce qu’il voit. C’est l’humain qui m’intéresse avant tout.

Dénonciation de certaines formes d’embrigadement ou miroir tendu au public pour qu’il prenne conscience de comportements critiquables ?

Je crée un espace critique qui est en l’occurrence léger. Le spectateur doit être dans un rapport d’humanité qui renvoie à la question de l’autre, de la hiérarchie, de l’uniformisation.

Pourquoi des danseurs habillés genre cadres de la City puis revêtus de kilts écossais plutôt que de vêtements militaires ou de personnel de santé ?

J’ai voulu évoquer les uniformes des collèges anglais qui sont très asexués… Ces collèges je les ai fréquentés et ils m’ont traumatisé ! Mais je n’ai pas cherché l’homogénéité complète puisque danseurs et danseuses sont d’origines, d’allures, de tailles, d’âges différents.

Votre prochaine création ?

« Twin paradox » sur la dualité. Sur la danse espace de résistance. Sur la renaissance surgit de l’épuisement.

Propos recueillis par M.A-P

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