« C’est un travail de résistance que la danse contemporaine, donc pas facile !... »
Hélène Taddei-Lawson
Les points forts d’Art Mouv’ au cours de la saison écoulée ?
On a été invité durant trois semaines au Kenya pour le Festival Danse Forum de Nairobi. On a donné notre spectacle et animé des ateliers dont des participants nous ont rejoints sur scène. Nous avons créé « Paysages en écho », avec le groupe polyphonique, Barbara Furtuna. Cette articulation entre voix/chant/musique/chorégraphie il y a longtemps qu’on en rêvait. Enfin il y a la participation à « Quand les régions s’en mêlent » à Avignon.
La saison a-t-elle été aussi fertile du côté des invités reçus ?
On a accueilli quatre membres du Collectif Jeu de Jambes pour une performance in situ entre l’église Saint Charles et le théâtre. C’est là le début d’une collaboration qui doit se poursuivre. Il y a eu aussi le groupe Barbara Furtuna, qui a également été notre hôte de marque !
Avez-vous continué votre activité en direction des jeunes ?
Lors de « La Nuit européenne des musées », le 14 mai au Palais des Gouverneurs, on a impliqué des petites filles de la rue Droite. Elles ont aussi dansé avec le Collectif Jeu de Jambes. Deux jeunes, Gladys et Joël, que nous avons formé, ont également participé à cette représentation. Parallèlement ils ont déposé les statuts de leur association culturelle.
Des restrictions budgétaires ?
On est satisfait que la CTC ait acté la convention tripartite et quadriennale de la compagnie. Par ailleurs nous avons un financement annexe de la ville de Bastia. Elle a abondé pour Art Mouv’ des résidences à l’occasion de « La nuit des musées », de l’exposition Pekle, de la journée du patrimoine qui doit se dérouler en septembre.
Des essais qui semblaient prometteurs d’implanter en Corse des compagnies de danse contemporaine ont fait long feu. Pourquoi ?
C’est un travail de résistance que la danse contemporaine, donc pas facile ! Certes il y a beaucoup d’enfants qui dansent dans des clubs ou des écoles mais ces démarches relèvent plus de la consommation que d’une dynamique culturelle … On taxe trop vite la danse contemporaine d’élitisme. Résultat : on est pris dans une dichotomie : élitisme/commercial.
Que faut-il pour pérenniser une compagnie de danse contemporaine ?
Avoir une vision claire si l’on veut développer un vrai projet culturel tant en Corse qu’hors de l’île. Décloisonner, ici, le public. Instaurer des échanges en allant à l’extérieur et en accueillant des artistes chez nous. Situer son action dans l’urgence et dans le futur à la fois. S’entourer de bons artistes ayant expérience et maturité. Ne pas négliger non plus les relations avec les institutions en n’hésitant jamais à expliquer et réexpliquer ce que l’on fait.
Le public devient-il meilleur connaisseur ?
On perçoit une évolution et une éducation est à l’œuvre.
Les groupes polyphoniques sont plutôt figés sur scènes. Comment s’est passée la collaboration avec Barbara Furtuna pour la pièce « Paysages en écho » ?
Le groupe s’est complètement adapté à notre projet en ce qui concerne l’articulation recherchée : voix/musique électronique. Pour articuler voix et corps nous avons travaillé en atelier la scénographie. L’idée d’espace, indissociable de toute chorégraphie, les chanteurs sont parvenus à la dompter et ont vraiment bougé !
Perspectives de la compagnie ?
On souhaite développer à Bastia un lieu ressources qui soit centre de développement chorégraphique (CDC). C’est un énorme chantier, capital – entre autres- pour la formation professionnelle et continue. Un lieu pourvu aussi d’une bibliothèque et d’un fonds vidéo.
Propos recueillis par M.A-P