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Rencontre avec Giovanni Ozzola

jeudi 19 juillet 2012, par Journal de la Corse

Pourquoi le plasticien que vous êtes a-t-il choisi de s’exprimer souvent par la photographie ?

Je pense à travers l’image et la photo est ma manière de fonctionner. Même si je recours à la vidéo, à l’installation, c’est la technique que je connais le mieux… La photographie est donc naturelle chez moi. Ce que j’aime dans l’image c’est sa portée immédiate puis sa portée symbolique, sa faculté de gagner en énergie. Je veux montrer ce passage de l’image qui est dans ma tête à l’image donnée à voir par la photographie.

Que vous apporte la vidéo ?

Elle permet de faire comprendre les passages au monde dans sa complétude. Elle n’est jamais narrative mais relève uniquement de l’expérience faite dans les conditions du ressenti. La photographie c’est le summum. Le fixe. La concentration des vibrations en continu.

L’idée directrice qui imprègne le travail exposé à la galerie Orenga ?

Tout individu est le monde à lui seul et contribue à l’humanité. Mais il faut surmonter ses peurs et cheminer vers l’authenticité impose d’accepter ses cicatrises.

Dans son cadre d’un noir velouté votre travail photographique reflète-t-il une notion platonicienne ?

Je renvoie évidemment au mythe de la caverne de Platon, et j’exerce une maïeutique qui m’ouvre la possibilité de révéler le sens de l’image photographiée. Référence platonicienne certes, mais je fais surtout et avant tout un travail sur la lumière.

Le spectateur peut-il avoir sa propre interprétation de vos œuvres ?

J’aime à penser que le spectateur exerce sa pleine et entière liberté. Certains voient dans ce que je fais quelque chose de très politique. Cette vision là a été une complète révélation pour moi. Mais, moi, je privilégie l’importance de la poésie car je ne m’inscris pas dans le documentaire. Le vestige de barque et son inscription, « Dove Sei ? », peut être regardé avec une approche teintée de romantisme ou comme une façon de dénoncer le colonialisme, l’esclavage… Pareil pour les gravures sur ardoise… Des possibilités de lectures multiples, voilà ce que je souhaite !

Pourquoi la poésie est-elle capitale ?

La poésie est la base de la langue. Elle est consubstantielle à l’image.

Vidéo, photographies, gravures telles qu’on les découvre à l’Espace Orenga, sont-elles séparables, dissociables les unes des autres ?

Elles sont étroitement connectées et en même temps très individualisées. Elles sont comme les fleurs qui poussent sur le même arbre et dont on peut composer différents bouquets.

Vous avez tenu à ce que le dialogue entre vos œuvres s’instaure et circule en trois dimensions ?

J’ai ressenti ce besoin. Mais dès l’accrochage d’une photo – l’objet qu’elle est – devient une installation inscrite dans un espace tridimensionnel. J’agis et réagis en sculpteur. Je me soucie aussi beaucoup d’architecture, ainsi dans le diptyque présenté.

Essentielle pour vous la construction d’une œuvre ?

Je cherche à donner une forme à l’image qui est dans ma tête. A l’incarner !

Avez-vous pensé expressément cette exposition pour Patrimonio ?

Le morceau d’épave avec son questionnement, « Dove Sei ? », s’est imposé à moi après une visite du lieu. La vidéo j’ai voulu qu’elle soit projetée côté mer, comme insérée dans le panorama naturel du site. Bien sûr que j’ai pensé cette expo en pensant à l’Espace Orenga…

Suggérer la présence de la Corse était incontournable ?

Depuis que je suis né je séjourne à l’Ile d’Elbe. La Corse je ne cesse de la voir se découper à l’ouest. Elle est tous les possibles de l’horizon. Elle occupe donc une place magique dans ma vision d’Elbois.

Votre relation avec l’Ile d’Elbe où vous séjournez très fréquemment tout en habitant à Florence ?

J’ai avec elle un lien originel. Un lien très fort. C’est là que j’ai ma place !

Propos recueillis par M.A-P

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