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Rencontre avec Françoise Ducret

jeudi 24 mai 2012, par Journal de la Corse

Peut-on être libraire sans passion ?

Ah ! Non… Sûr et certain. Même si c’est énormément de travail pour en fin de compte ne pas trop gagner sa vie. Être libraire c’est une aventure très... aventureuse ! Si j’aime les livres, je n’ai jamais eu de phantasmes particuliers sur la librairie, ni sur le commerce non plus. Le hasard est intervenu... La librairie c’est de la culture avec des échanges, des rencontres. C’est aussi un commerce. Un commerce difficile.

Les grands axes choisis par « Le Point de Rencontre » ?

Le secteur jeunesse. A l’origine j’étais enseignante dans le primaire et je m’occupais de la bibliothèque ce qui me poussait à suivre l’actualité des livres pour enfants. Ce goût des grands auteurs pour la jeunesse je l’ai évidemment conservé et développé avec mon travail de libraire. Le roman est également l’un de nos axes majeurs ainsi que les ouvrages qui concernent la Corse. Autre spécialité : les Warhammers » distribués par GamesWorkshop, qui sont très recherchés par les jeunes et les ados, un public qui j’aime bien.

La libraire et la lectrice que vous êtes ont-elles les mêmes goûts ?

Forcément ! Ce que j’ai en magasin correspond à ce qui me plait. Dans un métier comme le mien où les acheteurs recherchent le conseil et la discussion on ne peut leur suggérer que ce qu’on aime.

Vos littératures préférées ?

Mes lectures sont éclectiques bien que j’ai une attirance de plus en plus marquée pour les auteurs féminins, qui sont en outre de plus en plus nombreuses. Je lis beaucoup Claude Pujade-Renaud et Anne-Marie Garat publiées chez Acte Sud. Côté littérature américaine j’ai une prédilection pour Laura Kasischke et Joyce Carol Oates. Versant extrême orient j’ai un penchant pour Yoko Ogawa.

Le livre qui vous emballe actuellement ?

« Tanger 54 » de Mona Thomas, chez Stock. Ce n’est pas un roman mais une enquête qui nous plonge dans le monde des écrivains anglais et américains homosexuels des années 50, qui pour fuir leurs sociétés puritaines, ont trouvé refuge dans le grand port marocain.

Est-ce que tout peut faire livre ?

Si on est vraiment attiré par quelque chose, on est rarement déçu. Le nom de l’auteur, l’éditeur, la collection disent déjà beaucoup. Mais il fait savoir s’aventurer ! Pour moi l’objet-livre en tant que tel a aussi un aspect rassurant. Parce qu’il est une présence... Chez soi, une bibliothèque qu’on aime c’est toujours une présence.

C’est souvent un peu un casse-tête de choisir un livre pour un gamin. Comment faire ?

Il y a deux techniques : vous venez seul à la librairie et choisissez selon votre humeur et vos critères, sans faire trop de fixation sur l’âge mentionné par l’éditeur. Ou vous emmenez les enfants et les lâchez dans le magasin. Dans ce cas vous les laissez libres de leur choix.

Les achats sur internet ont-ils véritablement un impact négatif pour les libraires ?

Je crois qu’en librairie et sur internet on ne fait pas les mêmes achats. Sur internet il me semble qu’on se procure des ouvrages spécialisés pour le travail ou pour des recherches. En librairie c’est plus pour le plaisir ; on va feuilleter. Toucher. Voir sur pièce...

Que pensez-vous de la politique du livre de la CTC ?

Les libraires indépendants devraient être aidés pas seulement en tenant compte du nombre de leurs salariés et de l’importance de leurs chiffres d’affaires. D’autres données devraient être prises en considération comme le quartier, la situation du magasin dans son environnement social. Pareil pour les appels d’offres lancés pour les bibliothèques municipales.

Propos recueillis par M.A-P

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