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Rencontre avec Feli

jeudi 12 janvier 2012, par Journal de la Corse

Après cinq ans d’absence vous revenez avec un nouvel album. Dans quel état d’esprit l’avez-vous abordé ?

Dans l’esprit de continuité du travail commencé il y a vingt cinq ans. Mais je ne me suis pas trop posé de questions sur mon arrêt… je n’ai pas eu le temps ! Cet album j’ai voulu qu’il apporte quelque chose de nouveau tout en respectant ma source d’inspiration : la Corse. Une Corse d’aujourd’hui à l’image forte.

Nécessaire ce silence ? Finalement bénéfique ?

Je me rends compte que oui… Même si ce silence était plutôt forcé ! Côté positif il m’a apporté quelque repos. Du répit pour recharger mes batteries. Un regard plus serin, puisque je n’avais plus constamment à revenir sur ce que je faisais, et que j’avais posé la guitare.

Avez-vous changé ? En quoi ?

Ma façon de voir les choses et les gens avec qui je travaille, que ce soit Ghjuvan Teramu Rocchi ou Jean Bernard Rongiconi est demeurée la même. J’aime qu’on s’investisse et je demande volontiers des conseils car ils permettent de progresser tout en gardant ses propres idées. Par rapport à la Corse je n’ai pas changé non plus. J’ai toujours autant de conviction.

Justement votre rapport à la Corse comment le définir ou au moins l’esquisser ?

J’évoquerais l’image d’un enfant qui serait incapable de se détacher à sa mère … Voilà ce que je ressens. Je parlerais aussi de ma passion d’écrire en langue corse, en enlevant ce qui est pesant. Au fond je suis toujours un mélancolique, même si je me soigne !

Pourquoi ce besoin de passer de la note au mot ? Pourquoi l’écriture ?

Au lycée déjà j’écrivais. Puis j’ai rencontré Rocchi et à côté de lui la comparaison était difficile ! Mais il m’a sans cesse poussé à prendre la plume et à m’ouvrir à d’autres auteurs.

Les thèmes qui vous ont porté ? Inspiré ?

La photo d’une jeune femme retrouvée dans un tiroir. L’envie de rendre hommage à ceux qui ont construit la Corse des années durant et qui la font vivre vaille que vaille en étant sur la brèche : à ceux qui montre que notre langue peut tout exprimer ; à ceux qui se mobilisent au-dessus des clivages politiques, exemple : cette pétition qui circule pour le respect du 5 mai, date de la catastrophe de Furiani. Dans cet album je traite aussi des thèmes nouveaux pour moi tel l’adultère.

Composer, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Composer c’est inventer. Dès que j’ai eu une guitare en main – j’étais petit et l’instrument qui était vieux n’avait que deux cordes – j’ai voulu faire une musique à moi. Depuis je suis toujours en train de composer. Pour « … À dì ti » on a cherché la simplicité, l’efficacité en évitant toute complication inutile.

Très longtemps vous avez eu Ghjuvan Teramu Rocchi comme parolier. Là, vous faites aussi appel à Fusina et Gattaceca. Vous partagez le même univers poétique qu’eux ?

Notre lien c’est la passion d’écrire. C’est l’amour de la Corse. C’est la volonté de créer.

Auriez-vous pu écrire dans une autre langue que le corse ?

Ça ne m’est même pas venu à l’idée ! Et ce n’est pas une réaction de fermeture de ma part !

La scène insulaire a-t-elle, à vos yeux, beaucoup changé en un quart de siècle ?

Énormément. Surtout en ce qui concerne une recherche de qualité vocale et technique. Cette évolution on la doit à ceux qui ont eu la volonté d’être strict dans leur travail. Malheureusement il y a toujours aussi peu de lieux où se produire.

Que vous a apporté le travail d’équipe qui a présidé à la confection de cet album ?

De l’assurance. La possibilité d’avoir des échanges. Seul, on peut passer à côté de plein de choses ! Un album c’est un gros chantier – avec ses joies et ses galères - s’il y a une équipe, chacun assume sa part de responsabilité et l’entreprise devient plus légère.

Propos recueillis par M.A-P

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