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Rencontre avec Daniel Auteuil

jeudi 12 mai 2011, par Journal de la Corse

L’acteur français nous livre ses impressions sur son premier film en tant que réalisateur. Il évoque, également, ses liens avec la Corse.

Daniel Auteuil « Les œuvres de Pagnol sont faites pour traverser les générations »

« La fille du Puisatier » est votre premier film en tant que réalisateur. Comment ce projet est-il né ?

Jacqueline Pagnol a eu envie de me voir interpréter l’œuvre de son mari. J’ai eu, de mon côté, en lisant cette œuvre, l’envie de la réaliser même si, au départ, je voulais travailler sur « La femme du boulanger ». J’ai donc voulu raconter cette histoire de mon propre point de vue parce qu’en la réalisant, j’y trouve un écho à ma propre existence. Pour faire un film, il faut avoir quelque chose à dire et j’ai quelque chose à dire à travers Pagnol.

Quelle comparaison faites-vous avec « Jean de Florette », dans lequel vous tourniez pour la première fois dans une oeuvre de Pagnol ?

La différence ? J’ai vingt cinq ans de plus ! (rires). Plus sérieusement, ce sont deux histoires bien distinctes l’une de l’autre. Ugolin et Amoretti n’ont rien en commun. « Jean de Florette » et « Manon des Sources » sont deux histoires sur la nature, les saisons et le destin alors que la « Fille du Puisatier » est une histoire plus intimiste, qui se passe deux fois durant la même saison. C’est une histoire qui nous parle davantage de nous même et au sein de laquelle on s’identifie.

Pourquoi être revenu à Marcel Pagnol ?

Dans le répertoire des grands rôles auxquels j’ai envie de me confronter, il n’y a que lui qui offre autant de défis aussi enthousiasmants. C’est aussi l’assurance, pour le public, d’avoir un grand film et pour les acteurs, un grand rôle. Enfin, les œuvres de Pagnol sont tellement belles et tellement vraies qu’elles ne peuvent se limiter, aujourd’hui, à une simple cassette enfermée au fond d’un tiroir. Il ne faut pas avoir peur de les porter, de nouveau, à l’écran. Elles sont faites pour traverser les générations.

Qu’est-ce qui a motivé votre choix de passer derrière la caméra ?

C’est une idée à laquelle je songeais déjà depuis longtemps. Cette idée a mûri et elle a pu, enfin, se concrétiser. J’ai voulu commencer quelque chose de nouveau et j’avoue que, dans ce film, je me suis régalé.

Vous avez tenu absolument à venir présenter votre film en Corse. Pourquoi ?

Ce n’est pas un hasard mais quelque chose que je considère comme une récompense pour moi. Quand j’ai décidé de faire ce film, je savais que je viendrai le présenter ici, à la cinémathèque, dont je suis le parrain. Ici où j’ai également désormais ma famille. C’était donc pour moi un honneur et une joie tout simplement. Les deux mots sont forts et vrais.

Vous avez, justement, été choisi comme parrain de la cinémathèque de Corse. Que cela représente t-il ?

C’est une grande fierté. J’ai accepté d’être parrain de la cinémathèque car j’estime que partout où des gens de bonne volonté auront envie de faire partager une culture, c’est une cause suffisante qui mérite de s’engager.

Songez-vous à tourner un jour en Corse ?

J’attends que mon ami Jean-Pierre Mattei m’écrive un scénario (rires). Bien entendu que cela me tenterait mais tout dépendra de l’histoire. C’est comme lorsque l’on est acteur et que l’on choisi un beau rôle dans une mauvaise histoire. La Corse est très belle mais si je n’ai pas d’histoire, je ne vais pas faire un film simplement pour rendre service. C’est donc toujours l’histoire qui détermine tout en amont.

L’avenir ?

Je travaille, actuellement sur la Trilogie de Marcel Pagnol (Marius, Fanny César) que j’espère réaliser l’année prochaine. On en est encore dans les castings. C’est un nouveau défi qui va débuter.

Vous êtes passé par le comique, vous avez ensuite été révélé dans le drame. Depuis, vous passez de l’un à l’autre. Finalement, Quel rôle vous correspond le mieux ?

Aujourd’hui, je me sens plus à l’aise dans des personnages où l’on n’a plus besoin de l’imaginaire pour les interpréter. Seul le vécu me suffit. Jouer ce Puisatier ne m’a pas demandé un effort d’imagination mais juste de faire référence à une émotion profonde.

Interview réalisée par Philippe Peraut

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