Comme un album de famille de ces temps anciens, où l’on prend ce temps de replonger dans la mémoire visuelle de la Corse d’avant, avant la modernité, avant la désertification des villages, du temps des métiers d’art et d’artisanat, à l’époque des photos posées, des voyages en carriole, des transhumances, etc. Rigolu Grimaldi recueille dans un nouveau beau livre des photos anciennes et quelques cartes postales d’antan qui dévoilent un visage de la Corse de la fin du XIXe et début du XXe siècle.
Partager des trésors
Lorsqu’en 2004 le musée de la Corse acquiert 2 800 cartes postales, une collection constituée par Rigolu Grimaldi en 1960 et 2003, on aurait pu croire que tout était montré, que la manne était épuisée. Que nenni. La Corse ne cesse d’inspirer ce correspondant de presse et poète in lingua nustrale, qui a déjà publié trois ouvrages sur les villages corses d’avant la deuxième guerre mondiale. Aujourd’hui, ce cartophile récidive, privilégiant la photographie ancienne, et livre un bel ouvrage, véritable collecte de la mémoire, qu’il archive et organise en chapitres structurés, donnant un ordonnancement à des souvenirs épars, retraçant une histoire qui va de la maison, passe par la ville, le village, et s’arrête sur les habitants, les « autochtones », les femmes, les enfants, les groupes, leurs métiers, selon des événements aussi, comme les fêtes de village, les cérémonies religieuses, les meetings politiques, sans oublier les transports, les métiers et même le thermalisme, source du tourisme d’autrefois.
Beau livre
Tourner les pages de ce beau livre d’images reprographiées, patiemment rassemblées, permet d’avoir une vue d’ensemble sur l’urbanisation de ce temps-là, sur son architecture, sur la société qui la composait, l’économie, les activités et les métiers, les manières de vivre, de s’habiller. On y voit aussi comment les gens se déplaçaient, leurs loisirs, leur réunion, l’importance des fêtes et de la « piazza », les photos de classe... Et pour enrichir ces précieux documents, le poète complète certains thèmes de vers ou de commentaires, qui font sentir tout son attachement à la Corse de ces temps-là. Comme un tableau à multiples facettes qui ne cesse de se découvrir pour ne pas figer le temps et rendre la mémoire vivante.
Myriam Mattei
Rigolu Grimaldi, In quelli tempi – En ce temps-là la Corse, éditions Alain Piazzola, 208 pages, 35€