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Récit coup de poing

jeudi 13 septembre 2012, par Journal de la Corse

Si André Gabella a prêté un peu de lui-même à son personnage, le commissaire Torre n’est pas André Gabella. Le quotidien de ce commandant de police à la brigade criminelle de la police judiciaire a beaucoup inspiré ce roman, ponctué d’enquêtes bien réelles menées par le vrai policier, et cette réalité est emportée par un style très enlevé, donnant une histoire bien inspirée et construite.

Vraies enquêtes

André Gabella, commandant de police, est chef du groupe « Grand banditisme » à la Police judiciaire d’Ajaccio. Quarante-trois chapitres, autant d’enquêtes. Celles que mènent le commissaire Torre sont toutes vraies : vols, viols, meurtres, séquestrations, disparitions, vandalisme, escroquerie, etc. Toutes ont été jugées, classées, sans aucune voie de recours possible, sinon il ne serait pas possible d’en parler, comme tout professionnel passionné le sait. Toutes ont une saveur authentique, révélant l’infinie cruauté de l’humanité et la plongée dans des eaux troubles dans lesquelles les enquêteurs sont obligés d’aller, sans sombrer. Des scènes de la vie de flic, comme des tableaux d’une précision incontestable, avec la mort au rendez-vous mais comme sa grand-mère avait dit à Torre « Ne t’inquiète pas, les vivants sont beaucoup plus dangereux que les morts ».

Entre Paris et la Corse

« La loi de l’emmerdement maximum », c’est un peu ce qui est le fil rouge de toutes histoires, avec beaucoup d’humour et de lucidité, un style qui rend l’ensemble moins difficile à lire, malgré les horreurs qui peuvent être décrites – « Madame, la tête est là-bas. Il est mort », « Un mors qui vote, ça n’est plus admissible », « Un homme a été abattu comme un chien, au pied d’une résidence, en plein jour. » –, mais pas moins « percutant ». Que les enquêtes soient menées en région parisienne ou en Corse, elles sont pleines de réalisme et de « couleur locale », avec la violence et les « affaires » en toile de fond. Et aussi le désaveu de la presse pour les actions policières en milieu difficile « Les policiers ont usé de violences illégitimes dans un quartier dont le seul tort est d’être populaire ». Autant de morceaux de la vraie vie qui donnent ce crédit particulier au roman.

Myriam Mattei

André Gabella, P.J. Blues – Scènes de la vie d’un flic, éditions Michael de Maule, 18€, 240 pages

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