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PEURS PLURIELLES

jeudi 15 mars 2012, par Journal de la Corse

Temps immémoriaux de l’humanité. Menaces terrifiantes sur la survie des populations, peurs bleues et luttes des hommes pour vaincre ou mourir. Mythes et héros. La guerre du feu. Le déluge. Les sept plaies d’Egypte. Les dragons. Thésée, Noé, Saint-Georges, Sisyphe roulant éternellement un rocher qui ne cesse de retomber. Il expie l’ingéniosité et la ruse qu’il a déployées à s’opposer à un sort aveugle. Symbole de la condition humaine repris par Camus dans son ouvrage majeur « Le mythe de Sisyphe ». Peurs individuelles ou peurs collectives. Elles n’ont pas manqué dans la période récente. La grande peur atomique du siècle dernier s’est amoindrie. Elle subsiste seulement en arrière-plan. La peur actuelle est économique et sociale. On ne l’a pas encore pointée du doigt dans les médias. On préfère parler de pessimisme. Les Français viennent en tête de liste pour cette vision grise ou noire de leur avenir. Du moins les sondages l’attestent. Oh, certes, ce n’est pas encore le grand fantasme de la peur. Mais ce sentiment morose de la vie qu’est le manque de confiance en l‘avenir porte en germe la déferlante de la peur. Lorsque le public se tient dans les tribunes face au taureau la foule attend le matador pour lui donner l’alternative. Elle ne s’intéresse guère aux postures des banderilleros. Ce que les électeurs attendent du candidat à la présidentielle c’est la vision de l’avenir et de la stratégie qui les conduira à la ruine ou à la victoire. La présidentielle est la seule élection du peuple tout entier. Le chef de l’exécutif est le seul qui puisse prendre les mesures extrêmes. Elles seules seront efficaces face au danger. Et le peuple sent bien que le péril est réel, dans un monde en pleine mutation. Mutation inévitable car la mondialisation est là. Elle est un fait et non pas une idée. Et la dette souveraine des Etats européens est une menace colossale. La sagesse des nations nous l’enseigne. « A chi muta, muga » dit le proverbe corse. Celui qui bouge est meurtri par son mouvement. Et le peuple sait par expérience que la guerre et la paix sévissent encore au XXIe siècle, comme au XXe, entre les nations. Oh, certes, ce n’est qu’une guerre économique et monétaire qu’on appelle concurrence et compétitivité ; Bien sûr, mais cette guerre aussi peut se durcir et déboucher sur décombres. Quelle est la stratégie pour surmonter le danger et vaincre ? Les peuples ont toujours suivi ceux (ou celles) qui dans les moments décisifs, leur ont confié la vérité en les appelant à la lutte. Ils leur ont dit : « Chassez la peur ! Suivez-moi ! Voilà comment nous combattrons et que nous sauverons l’avenir de nos enfants. » Est-ce un rêve ? En ce nouvel âge, l’histoire attend.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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