Bioéthique, médocs, et musique !
Rien n’est pire que de parler pour ne rien dire !... Pour le confort d’une phrase emballée d’une faveur rose … Pour s’écouter en des envolées qui ne font jouir que leurs auteurs et rasent les auditeurs … « Parole Vive », manifestation organisée par Virginie Locatelli et sa fidèle équipe, c’est du parler réfléchi !
Conférence, jazz, projection de film documentaire, récital de chansons, apéro philo, la pluridisciplinarité était au rendez-vous comme tous les ans d’ailleurs. La diversité des lieux aussi puisque les retrouvailles ont fait escales à L’Isula de Patrizia Poli, au théâtre du Lycée Jeanne d’Arc, à la bibliothèque municipale, à La Fabrique de la Cie Alibi, et au théâtre de Bastia. Thèmes majeurs des débats : les problèmes posés par la bioéthique et ceux soulevés par les « mœurs » de l’industrie pharmaceutique. Des interrogations d’une actualité brûlante en raison des avancées spectaculaires des sciences du vivant et d’affaires aux conséquences aussi tragiques que celle du Médiator, dont on aurait pu faire l’économie si les autorités sanitaires et la puissance publique ne s’étaient pas défaussées avec un laxisme lamentable et révoltant. Généticien réputé, Axel Kahn, a développé sa philosophie de la recherche scientifique. Il ne s’est pas seulement contenté d’esquisser des pistes face à un savoir en mouvement constant, qui implique « d’oser vouloir », il a également abordé le concret des chercheurs dans son domaine, qui a répercussions au plan de l’éthique et de la société. Sans schématiser, il a évoqué des sujets tels l’embryon humain, l’enfant-médicament, l’homoparentalité, dont il n’est plus un adversaire alors qu’il continue de rejeter la gestation pour autrui (mères porteuses). De ces cinq journées très riches de « Parole Vive » on retiendra encore la projection du documentaire « Les Médicamenteurs » (quel beau titre !) en présence de Brigitte Rossigneux, l’un des coauteurs du film. Sur le fond, une mise en cause sans appel et argumentée de l’industrie pharmaceutique en France, qui a pour mamelles « profits et dividendes », avec l’aimable complaisance des pouvoirs publics. « Les Médicamenteurs », un DVD à s’automédicaliser d’urgence d’autant que la potion est joliment administrée sur un rythme syncopé d’animations et de clins d’œil ironiques ponctuant les ronronnements et contradictions de la langue de bois officielle.
Michèle Acquaviva-Pache