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Ouvrir la fenêtre sur le fantastique

jeudi 22 décembre 2011, par Journal de la Corse

Pour son premier recueil de nouvelles fantastiques, Mathieu Henry choisit des cadres qui lui sont familiers, en Corse. Au départ, tout va bien, et chaque fois quelque chose fait basculer entre fantastique et étrange, d’où ce titre tout trouvé qui en dit suffisamment, ni trop peu, ni pas assez « Fenêtre sur l’étrange ». En quinze nouvelles, ce jeune auteur s’amuse avec les ficelles du fantastique pour donner quelques touches de réflexion sur la force du destin.

Tout bascule

Ces nouvelles ont en commun de placer un départ somme toutes plutôt normal, un cadre de vie assez simple, sans héros à la vie extraordinaire. Et pourtant en raison d’événement extérieur avec lequel il faut composer, ou à cause d’un choix à faire et à assumer, tout bascule. L’histoire se déroule sans artifice littéraire superflus, par petites touches, comme un peintre impressionniste avec sa palette et sa technique, qui donne vie à des destins pas si ficelés que cela au demeurant. Car tel pourrait être le message sous-jacent de ces nouvelles : notre destin est loin d’être si tracé, et que les choix que nous faisons ou sommes amenés à faire ont des conséquences.

Quinze histoires fantastiques

Choisir le fantastique comme genre n’est pas anodin. C’est permettre une réflexion autre, donner une dimension singulière à l’histoire, lui conférer un écho hors du réel et du convenu, avec des clins d’œil à d’autres auteurs, qui ancrent Mathieu Henry dans une génération et une histoire contemporaine. Ainsi la nouvelle qui ouvre le recueil, Cadillac a-t-elle des relents de Tarantino, et son Boulevard de la mort, quand un conducteur psychopathe semble prendre son pied à tuer au volent de son bolide. « Ses raisons ? Il ne semblait pas en avoir hormis le plaisir que cela lui procurait ». Ou aussi comment des étudiants ajacciens fraichement diplômés qui souhaitaient passer une dernière semaine de folies à Londres avant le grand saut dans la vie d’adulte se retrouvent dans une succession de problèmes comme un Very bad trip. Quant au Bal de la Saint Laurent, à Murzu, on pourrait penser à Sheitan ou quelque chose d’étrange, une sorte de monde parallèle et violent cohabite avec le réel, et tout à coup ce qui devait être une belle soirée vire au cauchemar et au tragique. Et les nouvelles de se succéder sans jamais se ressembler, pour emmener le lecteur à ouvrir la fenêtre sur l’étrange…

Myriam Mattei

Mathieu Henry, Fenêtre sur l’étrange, Les éditions Persée, 245 pages, 20 €

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