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« Ô Corse, île d’amour » par U Teatrinu

jeudi 16 juin 2011, par Journal de la Corse

U teatrinu

Un déboulonnage de la sacro-sainte mammone !

Avec « Ô Corse, île d’amour » Guy Cimino a eu l’excellente idée non seulement d’adapter mais de corsiser la très célèbre pièce d’Odon von Horvath, « Légende de la forêt viennoise ». Une réussite.

L’histoire se passe dans un milieu de boutiquiers où la mesquinerie le dispute parfois au cynisme. Les événements se déroulent sur fond de crise économique et de crise de valeurs. L’époque, les années 30, pourrait être la nôtre. Sa sœur jumelle en somme ! Un père arrange un mariage d’argent pour sa fille avec un de ses amis. Mais la belle a d’autres rêves. Rêve d’amour. Rêve de romantisme. Rêve d’une vie libre, hors des conventions rigides et petites bourgeoises. Bref, elle veut vivre sa vie et tombe amoureuse d’un gigolo qui au bout de quelques mois l’abandonne avec un bébé sur les bras. Ingrédients de mélodrame ? Pas du tout, mais une comédie grinçante, corrosive, avec des parenthèses burlesques. L’art d’Horvath est de faire un théâtre populaire, cousin de celui de Brecht. Dans « Légende de la forêt viennoise » il dénonce le sort dévolu aux femmes, la montée du fascisme et de la xénophobie. En 1933 les nazis brûleront ses livres (romans et pièces de théâtre). Fils d’un diplomate de l’empire austro-hongrois Odon von Horvath va, après l’Anschluss, errer à travers l’Europe avant d’arriver à Paris où il va mourir accidentellement. « Ô Corse, île d’amour », intitulé douçâtre et sirupeux connotant Tino Rossi, restitue bien le titre original de l’œuvre en langue allemande, « Légende de la forêt viennoise ». La mise en scène de Cimino est aérée. Elle mise sur la simplicité du détail pour suggérer la diversité des lieux où se situe l’action. Son intérêt ? Laisser toute latitude à l’imaginaire du spectateur. Du côté des acteurs Jean Pierre Giudicelli, est parfait, et en ridicule Apollon des plages et en grand-mère à la cruauté de vieille sorcière, antithèse de l’image d’une bonne et douce mammone. Qu’ils jouent ou qu’ils chantent les autres comédiens sont justes dans leurs rôles. A souligner la bonne prestation de Namaria Filippi dans un emploi … pas évident. Mais fallait-il autant accessoiriser le personnage du psy, on peut s’interroger ? « Ô Corse, île d’amour », du bon et beau Teatrinu, et quel plaisir de retrouver sur scène la pétillante Coco Orsoni !

Michèle Acquaviva-Pache

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