La musique de films est spécialement composée pour commenter les séquences d’un film. C’est l’évidence, dira-t-on. Mais il importe de préciser. L’association du fait sonore au spectacle cinématographique remonte à l’époque du muet. Dans les salles de cinéma il y avait souvent un petit orchestre ou au moins un piano auquel était confié une improvisation faisant fonction d’accompagnement sonore en utilisant un répertoire d’effets descriptifs et de morceaux de musique. Mais déjà, à l’époque du muet, on commandait de véritables œuvres musicales à des compositeurs célèbres comme Saint-Saëns, Pizetti, Mascagni, Milhaud, Honneger, Ibert, etc… Avec le cinéma parlant, la musique vint s’insérer dans une trame formée de voix et de bruits. Certains ouvrages faits pour le cinéma parvinrent à une valeur autonome. Ne citons pour l’exemple que la musique d’Alexandre Nevski et celle d’Ivan le terrible de Serge Prokofiev. D’une moindre envergure, mais compositeur de grand talent, on citera pour illustrer cette chronique, Ennio Morricone, et l’on recommandera un album de deux CD, renfermant respectivement quinze et quatorze pièces musicales issues des Editions Déjà Retro (1). Qui donc a oublié la musique des films « Pour une poignée de dollars », « Pour quelques dollars de plus », « Il était une fois dans l’ouest », etc…Des extraits consistants de ces partitions sont contenus dans le premier CD. Compositeur Italien, élève du maître Goffredo Petrassi, Ennio Morricone s’est affirmé comme auteur de musiques de films, ayant par ailleurs fait partie du groupe d’improvisation de « Nuova consonanza » et composé dans le cadre des recherches de la « nouvelle musique » quelques œuvres dont « Gestazione » pour voix de femmes, sons électroniques et orchestre à cordes. Dans le deuxième CD, on trouvera des extraits de « La missione », « D’exorcist », de « La libertà », etc… Avec Morricone, le « Western Spaghetti » était né. Ses plus grands succès remontent à 1986 quand il obtint un Oscar pour la musique du film « La Missione ». Six ans plus tard il reçut un autre Oscar pour celle de « Bugsy ». On lui doit la musique d’une centaine de films, faisant de lui un des plus grands compositeurs du genre. « Revenez à ce que Bach composa, note-il pourtant, et à ce que Mozart écrivit à 33 ans, et vous verrez comme je suis peu productif en comparaison d’eux ».
Vincent Azamberti
(1) Dejavu Retro- Gold Collection R2CD 42-34