«  Elixir à la source  » Sept Å“uvres originales et inédites écrites par des compositeurs d’aujourd’hui au programme d’Elixir, trio formé par Célia Picciocchi (violon), Isabelle Giannelli (violon), Anne-Lise Herrera (violoncelle). Pour réaliser ce concert qui sort des chemins battus, le trio s’est adressé à Jean Michel Giannelli, Jacques Nobili, Jean Claude Acquaviva, François Berlinghi, Nicole Casalonga, Pierre Gambini. Célia Picciocchi a aussi apporté sa contribution à cette ambitieuse aventure musicale. Des styles, des propos d’une grande variété qui sont autant d’invitation au voyage dans l’imaginaire corse avec pour fil conducteur une palette très riche d’émotions aux résonnances subtiles. Poétique le titre de ce concert : «  Elixir à la source  ». Il montre d’une touche légère combien les musiciennes du trio aiment jouer des mots, des images à l’instar de leur affiche qui évoque avec fraîcheur la célébrissime photographie de Man Ray. Il décrit également de façon cursive l’objectif de cet ensemble féminin : aller s’abreuver à une créativité insulaire limpide. Les membres d’Elixir se produisent sur scène depuis une dizaine d’années dans diverses formations et ont constitué leur trio depuis un an. Avec leurs concerts les musiciennes souhaitent faire découvrir au public les musiques qu’elles apprécient et les instruments qui sont les leurs. Face aux spectateurs elles n’hésitent pas non plus à donner des points de repères afin de mieux comprendre le répertoire proposé, ainsi qu’à discuter. Elixir offre plusieurs formules de spectacles. Des concerts d’œuvres du XVIIème et du XVIIIème siècle (Haydn, Mozart, Corelli, Vivaldi). Des adaptations ludiques qui emmènent le spectateur de Bach aux Beatles en de singuliers parcours dans le temps. Des accompagnements musicaux d’événements publics ou privés. Au gré des circonstances et des désirs exprimés le trio peut encore se muer en quatuor. Michèle Acquaviva-Pache Les Å“uvres Jean Michel Giannelli : Nanna Jacques Nobili : PK 79 Jean Claude Acquaviva (trio pour cordes) François Berlinghi : Trio «  Les Cathédrales du Désert  » et «  Passu di Notte  » Nicole Casalonga : Mari Amari (sur un poème de Jean Pierre Orliac) Pierre Gambini : Dà a Punta à u Corbu  » Célia Picciocchi : Moresca Tournée Bastia : Saint Roch, mercredi 4 aoà »t, 21h Santa Lucia di Mercuriu : au festival Feminarte, jeudi 5 aoà »t, 21h Felicetto : vendredi 6 aoà »t, 21h Belgodère : dimanche 22 aoà »t, 21h Marignana : courant octobre «  Il fallait qu’on s’investisse totalement puisqu’on devenait créatrices d’un programme novateur  » Célia Picciocchi Comment vous est venue cette idée de commande à des compositeurs corses ? On a eu l’occasion de travailler avec eux, de les connaitre. Certes jouer du classique est une joie, mais on a eu aussi envie d’approcher la musique corse d’aujourd’hui. Les compositeurs sollicités ont écrit des partitions dans un vrai langage musical contemporain. On a été impressionnées de leur confiance. Il fallait qu’on s’investisse totalement puisqu’on devenait créatrices d’un programme novateur. Quel lien relie les compositions les unes aux autres ? On ne voulait pas imposer trop de contraintes. On souhait seulement que les pièces aient un trait commun avec la musique corse ou avec le répertoire traditionnel. Elles ne devaient pas durer plus de 5 à 10 minutes. A partir de là les compositeurs étaient libres de leur langage musical et de nous proposer leur vision. La variété des Å“uvres a-t-elle été une surprise ? Dans ces compositions transparait la personnalité des compositeurs et leurs préoccupations personnelles. Mais on ne s’attendait pas à quelque chose d’aussi élaboré. Une commande ne comporte-t-elle pas un aspect un peu rigide ? Sur certaines pièces avez-vous eu besoin d’éclaircissements ? Les commandes existent depuis toujours. Elles permettent, en l’occurrence, de développer des relations fertiles entre compositeurs et interprètes. Travailler dans ces conditions est un avantage et on n’allait pas se priver de demander des éclairages sur tel ou tel point, ou des explications ! D’abord on leur a proposé notre version, puis avec leurs indications on a recadré l’interprétation … Si on pouvait faire pareil avec Brahms ou Mozart ! L’effet mosaïque des Å“uvres ne comportait-il pas un risque d’apparaitre disparate ? On a soigneusement veillé à ce que le public sente la cohérence des Å“uvres à travers leur diversité. Ce concert est à l’image du paysage corse qui est pluriel dans son unicité. A l’affiche il y a également une de vos compositions. C’est nouveau pour vous ? Composer me titillait depuis longtemps, j’avais besoin d’une occasion pour me lancer. C’est ma deuxième composition originale, avant je n’avais fait que des arrangements. J’ai été guidée par la pensée d’éviter tout doublon et tentée par le thème de la moresque. L’ordre de présentation des pièces a-t-il été délicat à établir ? Un vrai casse-tête !.. Une seule évidence : terminer le concert avec la partition de Pierre Gambini parce qu’elle a quelque chose de condensé et d’ouvert à la fois. Pour les autres on savait qu’il fallait placer au début les pièces exigeant le plus de concentration tout en tenant compte du trac qui est souvent le notre au commencement d’un concert ! Le Centre Culturel Voce de Pigna vous a accueilli en résidence d’artistes. Importante cette aide ? C’était indispensable pour travailler en profondeur et pour affiner. Dans ce lieu merveilleux, en retrait du monde, on a vécu un moment privilégié. Ce Centre, plutôt que d’acheter des spectacles, fait sa programmation à partir de résidences d’artistes. Ça c’est une démarche très intelligente. Toujours aussi précaire la situation des artistes professionnels ? Pour continuer à créer il faut que le statut d’intermittents du spectacle se perpétue. Avec Elixir on a entrepris de se structurer sur le plan administratif, et cela réclame beaucoup d’énergie. Il ne s’agit pas pour nous de monter une boite mais de trouver les moyens de notre avenir. Propos recueillis par M.A-P Â