Le premier Mozart l’Égyptien était un pari, voire un défi, avoue Hugues de Courson, réalisateur d’un premier album consacré aux rapports musicaux entre Mozart et l’Égypte. On sait que dans « La flûte enchantée » du maître de Salzbourg, mention abondante est faite à Isis et Osiris, dieux de l’ancienne Égypte. Le succès de ce disque fut une surprise et une révélation. Les concerts qui suivirent montrèrent qu’on pouvait aller beaucoup plus loin dans l’échange et le dialogue entre ces deux musiques pourtant si différentes. Un second album façonné dans le même esprit parut, les partitions de Mozart étant « orientalisées » avec plus d’audace (1). On peut se laisser séduire par ce second essai, ni dommageable pour la musique de Mozart, ni relevant d’un goût douteux. Cela divertit dans l’étrangeté. Quinze pièces composent ce CD dont voici quelques titres annonciateurs : « Al Bedaya », une très ancienne légende racontant l’histoire de ce prince qui dut abandonner épouses, palais, richesses, chameaux, pour l’amour d’une jeune fille. « Mozart l’Egyptien » recourant à la pratique de tous les instruments qui jouent dans le reste du disque ; « Al Sahm al Taeh, » pièce inspirée par une ancienne chanson traditionnelle ; « Al Sahara », « Alatne concerto » , etc…A quelques lieux près, mais simple fantasme évidemment, Mozart aurait pu être Turc. Il est né à quelques kilomètres de l’Empire ottoman de l’époque qui atteignait les portes de l’Autriche. Tiré de la célébrissime « Petite musique de nuit », « Laya Misziya » invite certains musiciens de l’Ensemble du Caire à s’amuser du répertoire classique pour le traduire à l’orientale. Dans « La querelle au sérail », une dispute éclate entre les deux favorites du Harem. Wafaa, la plus âgée chante avec sensualité une chanson populaire de la campagne. La plus jeune, Amira, utilise la subtilité de sa voix de coloratur pour damer le pion à sa rivale. C’est donc l’Ensemble du Caire dirigé par Khaled Dagher qui exécute ce programme augmenté des chœurs de Radio Sofia, de six solistes vocaux et d’instrumentistes classiques. Amusez vous bien .Mozart adorait s’amuser.
Vincent Azamberti
(1) Virgin 7243 5 45741 2 2
(2 ) Oud et Kaval, instruments orientaux