Maria Bayo, avant même d’être parvenue au terme de sa formation, obtint des premiers prix à divers concours. En 1991, la Radio Nacional de España lui attribuait la distinction El Ojo Critico Segundo Milenio dans la catégorie « Musique classique ». Elle débuta à la Scala dans le rôle de Musette (La Bohême) et ses débuts à l’Opéra-Bastille de Paris furent également un grand succès. Puis ce fut Hambourg, Buenos Aires, Schwetzigen, Festival de Pesaro etc… Bref, une voix parmi les plus belles, peut-être la plus belle depuis longtemps, si l’on en croit l’éminente artiste lyrique que fut Tereza Berganza. Voulez vous entendre Maria Bayo grâce à un CD contenant des chants espagnols signés de compositeurs de grand mérite (1). George Albrecht Eckle note dans le texte de présentation de l’album : « L’immense patrimoine mélodique espagnol, beaucoup trop peu présent dans nos esprits, nous échappe, entre autres raisons, par sa diversité, résultante de la pluralité des régions composant ce pays ». De là l’incontestable intérêt du CD désigné, proposant un kaléidoscope de quelques aspects de cet art du chant. Les compositeurs concernés se sont employés à traduire le caractère hispanique de leurs compositions par une référence à l’héritage de la musique traditionnelle de l’Espagne. Notamment Manuel de Falla, représenté en cet album par une seule pièce, mais elle est de qualité et l’on sait que Falla compte parmi les plus grands compositeurs de son pays. Les autres, sont ses compagnons de route, moins avancés mais talentueux aussi et poursuivant le même objectif. Joaquin Rodrigo a écrit les quatre beaux chants présents ici comme reflétant la tendance extrémiste de l‘âme hispanique. Fernando J. Obradors fait revivre la poésie et l‘esprit du passé. Enrique Granados, plus célèbre poursuit des buts semblables, créant un lyrisme rêveur. Le « Triptico de Tancions » de Jesus Garcia Leoz se présente avec une facture plus solide. Transparence et économie aussi des moyens d’écriture. Le Cubain Joaquin Niñ y Castellanos vouait une affection particulière aux anciens maîtres Espagnols. Joaquin Turrina enfin clôt le programme. On est subjugué par le charme de ses timbres impressionnistes.
Vincent Azamberti
(1) Ed. Claves digital CD 50-9205