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Livre : La Corse comme un archipel

jeudi 17 mai 2012, par Journal de la Corse

Gérard Lenclud, anthropologue, ancien directeur de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d’anthropologie sociale, publie un ouvrage d’ethnologie basé sur une enquête de terrain effectuée en Corse il y a 30 ans. Un ouvrage qui éclaire sur le fonctionnement de la société insulaire, aussi bien ses institutions familiales que politiques. Quand le passé éclaire le présent.

Enquête terrain

Cela remonte aux années 1970, lorsque Gérard Lenclud visite les communautés pastorales d’une société villageoise insulaire qui s’accrochait à la montagne, en maintenant, avec le concours de la diaspora, un modèle d’existence hérité de son passé proche, un modèle en voie de disparition en raison des évolutions en cours sur le littoral. Le projet de départ était d’écrire une monographie classique. Cette enquête terrain a produit quelques études, publiées de manière éparse dans des revues comme « Études rurales », « Ethnologie française » ou « Terrain ». Les sujets aussi étaient divers, et éclairaient chacun à leur manière une société rurale en pleine mutation, et aussi sur une époque d’un regain du nationalisme corse. Durant ses observations, Gérard Lenclud s’est improvisé ethnographe historien pour mieux expliquer que « le présent s’appliquait à regarder dans le rétroviseur ». Car il n’est pas question de passéisme. Mais d’un passé proche en lien avec le présent. Avec toujours en filigrane la question du devenir politique de la Corse, car l’ethnologue n’en est pas moins citoyen. C’est un fil conducteur que l’auteur redonne en cohérence dans son avant-propos.

Mosaïque

Gérard Lenclud revient sur des fondamentaux de la structure traditionnelle des villages corses, notamment l’organisation familiale, le règlement des successions, le clanisme, la protection, autant de principes qui ont nourri les institutions. Cette société ainsi constituée ne pouvait pas ne pas s’opposer aux institutions de l’État. « La Corse d’hier était un archipel dont chaque île, façonnée à l’identique sur le principe du quant-à-soi, proclamait avec force le refus de la vassalité. L’idée d’État était donc étrangère à cette société en mosaïque […] ». Si la situation est sans doute plus complexe aujourd’hui qu’il y a 30 ans, certaines caractéristiques de cette société insulaire composite n’en reste pas moins très contemporaines.

Myriam Mattei

Gérard Lenclud, En Corse. Une société en mosaïque, Maison des Sciences de l’Homme, coll. « Ethnologie de la France », 270 pages, 21€

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