Jean-Baptiste Ferracci, ancien reporter-photographe de l’Aurore, fut reporter militaire au journal des Forces armées « Bled » lorsqu’il fut appelé sous les drapeaux en 1959. Au travers de ce livre, alors qu’il sillonnait le théâtre des opérations, il témoigne de nombreux événements qui ont eu lieu durant cette période en Algérie. Un devoir de mémoire en images et archives qui vient s’ajouter aux abondants témoignages dans le cadre du cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie et de l’exode des Français d’Algérie.
Devoir de mémoire
Jean-Baptiste Ferracci est déjà connu pour ses récits sur la guerre d’Algérie. Il avait reçu la distinction Livre Algérianiste, Prix Reportage pour son livre Images vécues de l’Algérie en guerre. Aujourd’hui, il rend compte d’une autre réalité de cette période trouble et troublée, celle de l’exode des Français, obligés de quitter l’Algérie. Pieds-noirs, harkis, soldats, natifs… Des adieux à une terre que tous n’ont pas quitté dans la paix et volontairement. Comme le montrent également les images, et le rappelle le texte qui énonce les faits, les croise avec les événements et le vécu des personnes sur place. Les annexes viennent enrichir l’iconographie, et retracent toute la chronologie de cet immense exode, entre Oran et Marseille, pour un million de personnes qui quittent l’Algérie pour la France.
Devoir de vérité
Témoigner, cela n’est pas rester en simple observateur ou collectionneur du passé, et redonner un sens à l’Histoire. C’est aussi questionner, s’interroger, revoir les événements avec ce recul donné par le temps, et donc peut-être remettre en cause la manière dont l’indépendance a été rendue à l’Algérie. En 1962, la signature des accords d’Évian marque la fin de l’Algérie française. L’auteur montre qu’en dépit du cessez-le-feu, près de cent mille pieds-noirs et harkis vont être enlevés, torturés ou assassinés. Puis ce fut l’exode. Sans contester l’indépendance de l’Algérie, Jean-Baptiste Ferracci met en cause la façon dont elle a été négociée et accordée. Un livre écrit à la première personne, mais qui reste pluriel dans la diversité des témoignages recueillis et des documents compilés.
Myriam Mattei
Jean-Baptiste Ferracci, L’adieu – 1962 : le tragique exode des Français d’Algérie, les éditions de Paris Max Chaleil, 208 pages, 22€