Carnets de route, 1973-1998. Trente-cinq ans à sillonner le monde, à couvrir des guerres et événements qui ont marqué l’Histoire, à rencontrer des personnages illustres ou ordinaires, et à façonner un métier qui a beaucoup évolué depuis Albert Londres. Jacques Merlino revient sur sa carrière et témoigne sur cette profession à travers sa propre expérience, riche, foisonnante, aventurière.
Être reporter
Guerre du Liban, guerre du Golfe, guerre en Yougoslavie, révolution roumaine, libération des Pays de l’Est, famine en Afrique… Jacques Merlino a été sur tous les fronts, ou presque, tous les événements qui ont marqué le dernier quart du XXe siècle. Ses rencontres furent ordinaires, avec des gens qui ont vu le monde en marche, et exceptionnelles : Simone de Beauvoir, François Mitterrand, Lech Walesa, Woody Allen, Mikhaïl Gorbatchev, Radovan Karadzic, Elie Wiesel, le général Jarulselski, Arafat, Roland Dumas… Trente-cinq ans de reportages, ça laisse des traces. Mais ça n’empêche pas de prendre du recul.
Métier spécial
Jacques Merlino fut rédacteur en chef d’Antenne 2, après avoir été pigiste pour Le Monde, puis pour L’Express et Elle. Pour France 2, il fut grand reporter, présentateur du journal télévisé, présentateur d’ »Aujourd’hui la vie », producteur d’émissions, envoyé spécial, correspondant à Moscou et à New York. Autant dire qu’il fut un homme de terrain, d’action, et qu’il connaît bien les coulisses du métier de reporter, en expliquant qu’il n’en est pas un puisqu’il est « simplement une inclination naturelle de l’être. Un désir de liberté, une appétence de sensations et d’émotions, une curiosité ouverte à tous vents, un tempérament indépendant ».
Coulisses du reportage
Avoir été un peu touche-à-tout du journalisme et connaître pas mal les ficelles de l’audiovisuel légitiment le propos de ce reporter lorsqu’il donne son point de vue sur les difficultés qu’il y a de saisir le réel, d’en rendre compte. Jacques Merlino profite de ce témoignage fourni pour livrer une réflexion sur le métier de journaliste et la liberté de la presse. Il cite René Char : « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil », pour faire écho à tout ce qu’il a vu, entendu, vécu, qui l’ont marqué à jamais.
Myriam Mattei
Jacques Merlino, Profession Reporter 1973/1998, Éditions L’Harmattan, 210 pages, 21€