Livre GÊNES AUX MILLE VISAGES Gênes occupe en Italie une place à part. Elle n’est ni la mythique Venise, ni l’aristocratique Florence, ni la triomphante Rome. Elle cache ses beautés et ses palais, refuse l’ostentatoire, n’étale guère ses richesses. Ville insulaire elle ne prend pas en croupe l’histoire italienne mais se bâtit une temporalité à elle, au fil de ses bonheurs et de ses déboires. Elle incarne le paradoxe d’une cité qui doit sa formidable puissance à l’ailleurs, à la domination maritime, à cette soif d’aventure et de pouvoir qui lui fait abandonner les vieux schémas économiques et politiques «  la terre, les châteaux, l’assurance d’une subsistance honorable, pour tenter de nouvelles expériences  ». Polyforme, elle déroute tout essai de définition et doit sa pérennité à sa capacité de métamorphose. «  La ville du «  vol du griffon  » tournée vers l’ensemble du monde connu au Moyen Âge, la ville du commerce en Méditerranée  et de la grande dyarchie vantée par les chroniqueurs, la ville de la haute finance et du «  siècle des Génois  », la ville du grand essor industriel risorgimental, haut lieu de l’industrialisation, la ville des «  contrade  » médiévales, celle de la Strada Nuova et de la Via Balbi des XVIe et XVIIe siècles mais aussi le grand port du Mare Nostrum et des grands entrepreneurs aux fastueux tombeaux du cimetière de Staglieno. A.M. Graziani poursuit l’ample travail de recension de tout ce qui touche à l’espace insulaire et donc à la civilisation méditerranéenne. L’épisode corse n’est pour l’histoire génoise qu’une part de la vaste épopée que l’auteur ressuscite avec rigueur et clarté d’expression. Depuis la cité ligure indomptable jusqu’aux temps modernes on suit comme un roman les aventures d’une cité dont la caractéristique est l’extrême capacité d’adaptation. Bourrée de faits étonnants, portée par des individualités fortes, cette histoire captive le lecteur et lui insuffle une sorte d’optimisme ; il n’est point de fatalité événementielle mais une temporalité à comprendre et à façonner à l’image de ses propres potentialités !  Marie-Hélène Ferrandini Histoire de Gênes. Antoine-Marie Graziani. Fayard. 703 p. 27€ Citation : «  Un cité qui doit sa puissance à l’ailleurs  » Â