LIVRE

mercredi 21 juillet 2010, par Journal de la Corse

Livre Pamphlet contre les élites Lorsqu’un médecin prend la plume, on s’attend davantage àune étude sur le système sanitaire en place, voire àun essai sur de nouvelles méthodes ou des propositions pour améliorer l’existant. Or, il n’en est rien. En tant que médecin, Ange-Mathieu Mezzadri pose un diagnostic. En tant que citoyen, ce diagnostic est une vision et des pistes de réflexion sur ce mal qui ronge notre société, une crise dont elle a tant de mal àsortir. La faute ànos élites, ou plutôt pseudo-élites selon l’auteur. Amer constat Ange-Mathieu Mezzadri a déjàpublié divers ouvrages, essais ou romans, des articles, ayant souvent pour toile de fond les problèmes auxquels est confrontée notre société : sida, montée du chômage, racisme, etc. Des maux qui la gangrènent. Avec ce nouvel essai, l’auteur pose des questions, dont les réponses tombent bien souvent comme un couperet : « Â Chaque époque engendrerait-elle le nihilisme qui lui sied (...) ?  » « Â Oui  ». Il cite, entre autres, Jean-Claude Milner, universitaire, linguiste et penseur, pour qui « Â la Troisième République fut un régime ne reflétant pas la société  ». Le ton est donné. Utilisant la méthode de la « Â méta analyse  », Ange-Mathieu Mezzadri dresse un bilan de la crise sociale, guidé par trois certitudes qui portent la réflexion, c’est-à-dire l’amour pour la culture française, la « Â très profonde affection pour notre peuple  » et le dédain pour les pseudo-élites. Celles-ci sont d’ailleurs vertement critiquées tout au long des pages, ne serait-ce que pour leur absence de prise de risques et le refus de leurs responsabilités dans la crise, ou la façon qu’elles ont de diviser pour mieux régner, de toujours mettre en avant des oppositions. Pour qui sonne l’hallali ? Les intellocrates, les élites, ou plutôt les pseudo-élites, les politiques, l’enseignement, les médias en filigrane qui participent àla déliquescence de la société par la diffusion des idées creuses au langage « Â grimé  », même la mode est prise àparti, la culture, la littérature moderne, l’art… Des exemples viennent étayer les propos, comme pour les langues régionales, avec le Corse rejeté par les « Â politicards locaux qui la jugeaient trop nationaliste  », et des anecdotes telles l’origine insulaire du Coca-cola… Les citations de tête de chapitre mêlent textes sacrés et Jim Morrison, car l’auteur ne rejette aucun positionnement, fait référence àd’autres penseurs, universitaires, personnalités (une longue bibliographie clôt d’ailleurs le livre) qui ont choisi d’exprimer leur façon de penser. Ce livre, au thème contemporain, et ô combien d’actualité en ces temps électoraux, est également remarquable pour la richesse du vocabulaire, où l’auteur ne craint pas d’employer des mots désuets, sans jamais tomber dans le verbeux ou la mystification, qu’il rejette en bloc et dont il accuse les intellocrates d’user et d’abuser pour mieux asseoir leur « Â imposture  ». On l’aura compris, le diagnostic n’est pas brillant, et ces élites visées auraient tout intérêt àfaire preuve d’humilité et àse remettre en cause. En tout cas, l’auteur, malgré cet amer constat d’une oligarchie méprisant le peuple, reste optimiste et espère que la société se réveille et montre àces élites que leur temps est venu. Pour lui, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Myriam Mattei  

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