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Les Godillots revisitent les tranchées

jeudi 12 mai 2011, par Journal de la Corse

Bd godillots

Alors que vient de s’éteindre le dernier combattant de la première guerre mondiale, la Grande Guerre, « Les Godillots » viennent de paraître aux éditions Bamboo. Marko et Olier nous racontent l’histoire de deux soldats, chargés de s’occuper de la « roulante », c’est-à-dire la cuisine itinérante, et du ravitaillement des tranchées du front. Mais pour acheminer la soupe et le café, il faut traverser une zone placée sous le feu ennemie. Une zone appelée « le Croquemitaine ». Une guerre vue sous un angle inédit. Nous avons rencontré Marko (dessinateur) et Olier (scénariste)...

Marko, Olier, pourquoi cette idée des Godillots ?

Marko : Depuis l’arrêt de l’Agence Barbare, nous nous tournions sur différents travaux sans pour cela réellement partager un travail en commun aussi intense que l’aventure barbare. Quand la Grande Guerre a pointé son bout du nez, on a senti que c’était le bon moment. Personnellement, le premier conflit mondial est un sujet que je veux traiter depuis longtemps.

Olier : Oui, c’est surtout parti d’une envie de Marko de traiter ce sujet en particulier. Au début du travail, on s’est demandé quel angle on devait adopter pour traiter de ce sujet assez lourd, sans le dénaturer. Notre naturel est rapidement revenu au galop et on a opté pour l’humour léger et le semi-réalisme. Ca tombait plutôt bien, les tentatives de traiter de la Grande Guerre sous ce jour inhabituel étaient plutôt (très) rares... Alors, on a emprunté ce chemin et on ne le regrette pas.

Après l’ « Agence Barbare », on ne vous attendait pas forcément dans ce registre là...

Marko : Nous pouvons aborder tous les sujets ensemble. Les Godillots ont eu la chance de trouver un éditeur (Bamboo). Même si 14/18 et les enquêtes médiévales fantastiques sont éloignées, la manière d’aborder des sujets aussi souvent traités, le ton décalé nous ressemble plutôt !

Olier : C’est vrai. L’important est de bien définir ensemble l’idée de départ et le ton de l’ensemble, le reste, c’est de la construction et de la structure avant tout. Et puis, on se sent bien tous les deux dans cette aventure et c’est ça l’essentiel...

Quelle a été la place de la documentation, tant au point de vue scénaristique que graphique ?

Marko : La doc’, un sujet vaste.... Pour faire simple, je dirai qu’il faut se documenter assez pour pouvoir s’en séparer... Rien de tel que d’apprendre la perspective d’une manière stricte et académique pour en jouer et la tordre à son gré par la suite. On en est encore plus crédible. Pour les « Godillots », je voulais, sans entrer dans la pinaille du bouton de manchette, être crédible.

Olier : Nous nous sommes permis des choses qui, dans le strict respect du contexte historique, seraient tout bonnement impossibles (comme le fait qu’un soldat français porte un casque anglais, par exemple), mais si cela donne un côté inédit, sympathique à l’histoire et aux personnages, on ne se l’interdit pas... Par contre, on a prévu des choses qui nous semblaient un peu invraisemblables, comme la présence d’un petit singe exotique dur le Front. Mais on s’est aperçus plus tard qu’il avait vraiment existé des unités combattantes qui apportaient ce genre d’animal dans les tranchées, un peu comme une mascotte. Sinon, oui, la documentation est essentielle et Marko a dû engranger énormément de références visuelles. Merci aux membres des forums internet sur la Grande Guerre qui nous ont bien aidés dans la collecte des documents.

C’était difficile de traiter la vie dans les tranchées vue avec humour ?

Marko : Niveau dessin, j’ai un graphisme semi-réaliste. De fait ça aide à avoir une approche plus légère sur des sujets grave.

Olier : C’est un peu plus dur au niveau du scénario, mais c’est avant tout une question de dosage. Pour « les Godillots », nous ne sommes pas dans le gag, mais plutôt dans un ton général plus léger. Entre deux assauts ou montées en première ligne, les poilus eux-mêmes cherchaient à se détendre avec le théâtre aux armées, les comiques troupiers, les revues. Ils organisaient des bals et des concerts. On a aussi basé notre humour sur les relations entre les personnages et sur leur caractère marqué. Nous essayons d’imaginer les aventures de nos héros dans un ton léger mais très respectueux... C’est vrai qu’on marche un peu sur une corde raide, parfois, mais d’un autre côté, presque 100 ans après le conflit, le temps de la décrispation est peut-être venu...

Marko, pas de festival d’Ajaccio cette année ?

Marko : Ah ! Ne remuez pas le couteau (corse) dans la plaie ! Vous mangerez les oursins et dégusterez du bon vin corse sans moi. L’album que je viens de sortir avec les Békas aux éditions Dargaud, « Le crochet à nuages », est à l’honneur pendant une semaine complète à la 25ème heure du livre du Mans. Un éclairage tout particulier sur cette nouvelle série. Passez le bonjour chaleureux à tous ceux que ne verrai pas cette année, et dites leur qu’en 2012 je reviens hanter les rues d’Aiacciu ! Gero arte adiskideak.

Olier : Houhou ! Moi aussi je suis partant pour 2012 !

Francescu Maria Antona

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