Saxophoniste baryton et soprano, pianiste, compositeur et chef d’orchestre de jazz. Gerry Mulligan (1927-1996) grandit à Philadelphie. Un jazzman d’hier donc. Mais l’influence des grands se perpétue et ceux qui les suivent dans le temps, s’ils ont pour tâche d’être eux mêmes, n’héritent pas seulement d’exemples. Ils ne peuvent créer qu’au point déterminant où l’histoire de leur art les a inspirés pour leur propre compte. Rencontrant Gill Evans, Gerry Mulligan participa avec lui à la création du nonette de Miles Davis pour lequel il composa « Jeru et Venus De Milo ». Il joua avec Stan Getz, Kai Winding et George Walligton. Il enregistra en quartet avec Chet Baker, se produisit au Festival de Paris et organisa un sextette. Désireux d’exploiter ses qualités d’arrangeur, il constitua le Concert Jazz Band, phalange de treize musiciens. Cette entreprise ne connut point de véritable consécration. Franchissant toutefois une nouvelle étape, recourant à un guitariste et à un vibrationiste (1) , adoptant le saxophone soprano, Mulligan créa un nouveau sextett qui se voudra un laboratoire d’expérimentation pour des réalisations en grand orchestre. Son intérêt pour l’écriture musicale l’amena à faire travailler un orchestre de jeunes musiciens. Il joue ensuite avec Piazzola. Aussi actif comme instrumentiste que compositeur, il apparaît souvent comme soliste avec des orchestres classiques et devient par ailleurs le Directeur musical du Festival « Jazz in June ». Passionné de rencontres il a enregistré avec des personnalités aussi diverses que Thalanious Monk, Paul Desmond, Tommy Flanagan, etc... On doit à l’instrumentiste qu’il fut d’avoir su libérer le saxo baryton de sa lourdeur initiale pour en faire une voix soliste. On reconnaît son jeu, son phrasé volubile sans heurts. Toujours sur le marché du disque, on pourra découvrir son talent, si ce n’est fait (pensons aux jeunes) dans un album intitulé « Mullenium ». Ce disque contient onze pièces confondantes. Le saxo baryton et Mulligan sont virtuellement synonymes, malgré les qualités indiscutables d’autres instrumentistes pratiquant le même instrument. Citons Harry Carney, Serge Chaloff, Pepper Adams et John Surman. Mais Mulligan fut plus qu’un grand instrumentiste. Il fut également un innovateur. La musique qu’il jouait était digne d’être non seulement remarquée mais aussi très appréciée pour ses harmonies piquantes (2).
Vincent Azamberti
Vibrationiste : instrumentiste chargé d’associer une succession de rapides mouvements d’aller et retour
(1)Colombia LC 0162
(2)Sources : Dictionnaire du jazz. (Robert Laffont Ed.)