Période des fêtes. De Noël au jour de l‘an et aux Rois Mages. Eternel retour de l’anneau ainsi désigné par le latin annus et son sens premier. Rupture annuelle des vies humaines avec le terne quotidien du boulot-dodo. Noël, fête religieuse du « Minuit Chrétien » « C’est l’heure solennelle où l’Enfant-Dieu descendit jusqu’à nous. » Heure de l’espérance des peuples sans distinction. Symbolisée par les Rois Mages venus de divers royaumes. Chargés de richesses, ils viennent adorer l’enfant du charpentier. Renversement du trône et des classes sociales. Espoir de fraternité universelle. Fête de l’enfant et des cadeaux. Ah ! Les étrennes de Noël. Enchantement des petits et des grands. Oui, Noël populaire de l’Enfant. La crèche, le bambin entre le bœuf et l’âne dans l’écurie et les bergers apportant un agneau. La première crèche, dit-on, aurait été représentée par Saint-François d’Assise. Depuis, elle a été exposée d’abord dans les églises riches puis un peu partout. La tradition populaire corse des villages fut longtemps celle de l’exposition de l’Enfant-Jésus au dessus de l’autel et des chants de Noël. Le plus célèbre d’entre eux est dû au plus grand poète corse, Mgr de la Foata, évêque d’Ajaccio. Voici quelques vers de cette « Nanna di u Bambinu » « Chi corti avisti ? Chi genti a fatt’onori/ Dui animali e poveri pastori/… ; Più tardi è vera tre rè di l’Orienti/ Ti uffrini insemu magnifichi presenti/ » Ce cantique fut adapté, dans toute la Corse, à un chant profane, la célèbre berceuse « Ô Ciuciarella ». Tino Rossi, de son côté, chanta de nombreux Noëls. Le Petit Papa Noël du film « Destins ». Mon beau sapin, ou la marche des Rois Mages, berceuse de l’Arlésienne de Bizet. Voilà pour la fête des enfants et de la coutume des étrennes, naguère encore posées au coin des cheminées. Signe que Noël est la fête du foyer, dans la maison où se tenait la veillée, en famille. A Noël Enfant s’oppose le nouvel an Adultes. A Noël religieux Nouvel An profane. A Noël intérieur Nouvel An extérieur. Mais il faut voir à cela autant qu’une opposition, une complémentarité. Malgré les deux veillées jumelles, à l’intimité au recueillement succèdent l’extériorisation, le faste et le plaisir profanes. Néanmoins, en Corse les choses étaient naguère encore plus imbriquées, plus semblables malgré les différences. Les enfants allaient de maison en maison souhaiter une bonne année aux voisins, parents et amis. Ils recevaient un petit cadeau ou quelques pièces de monnaie en échange de leur « bon di » (bon jour) et « bon annu » Encore des étrennes rustiques. Ainsi, malgré cette petite similitude, à l’enchantement du surnaturel de Noël et de son « Happy end » de l’année, répond le naturel du Nouvel An avec son recommencement.
Marc’Aureliu Pietrasanta