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LEONARD BERNSTEIN : « MASS »

jeudi 15 septembre 2011, par Journal de la Corse

« Mass » a plus de trente ans. « C’est une tranche d’histoire, le témoin d’une époque durant laquelle modèles politiques et philosophiques se heurtèrent violemment, note Habakuk Traber dans le texte de présentation d’un coffret de deux CD proposant cette œuvre fort peu conformiste » (1). C’est une œuvre de commande qui devait célébrer l’inauguration, en septembre 1971, du John Kennedy Center of Performing Arts. C’est une messe aux grandes dimensions. Bernstein rendait hommage à celui qui avait été le premier Président catholique des Etats Unis comme il l’avait déjà fait avec sa Troisième Symphonie en apprenant l’attentat de Dallas. Artiste qui pensait toujours en termes de rapports, il se demandait comment les visions politiques, les besoins spirituels et les traditions religieuses pourraient se rejoindre pour le plus grand bien de l’humanité. Mahler y avait déjà pensé. Mais ce qui est notable chez Bernstein c’est la décision de faire de « Mass » une sorte de pièce de théâtre pour chanteurs, acteurs, et danseurs, en sécularisant le service divin. « Mass » est un mélange grandiose où se confondent la marche populaire, la pensée symphonique, le blues, le rock, le gospel, des rythmes swing, un chant grégorien élargi et l’écriture vocale. Une œuvre controversée, on s’en doute. Mais elle ne choque plus, même si le compositeur n‘évita pas une certaine brutalité entrechoquant les différents styles. Sur le fond, on évoquera ces mots d’un commentateur avisé : « Le divin que Bernstein ne cesse d’invoquer est une qualité essentielle, intrinsèque à tout homme. On ne peut avoir de relations avec les autres quand on n’a pas de relations à soi même et à l’indéfinissable étincelle de divin qui nous habite. » Mahler n’avait-il pas dit que sa huitième symphonie était sa messe ? On a là comme un christianisme engagé malgré la judéité de Bernstein. La fin des années 60 est celle d’une époque nouvelle de la musique, celle du rock et des comédies musicales (cf. « Hair », « Jésus super star »). Ainsi « Mass » est une messe historique, une messe américaine. L’ouvrage est dirigé par Kent Nagano à la tête du Deutsche Symphonie Orchester de Berlin et du Rundfunkchor de Berlin. (2).

Vincent Azamberti

(1) Harmonia mundi. HMC 901840 et 901841 (2) L’exceptionnelle spécificité de cette œuvre nous a engagés à nous servir d’assez près du texte de présentation.

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