« Espèce de commentaire permanent à l’existence sous toutes ses formes, écrivait Boris Vian, la chanson est partout chez elle ». Dieu sait si elle est chez elle en Corse ! Pour le meilleur et pour le pire. Quelle compagne fidèle et obstinée ! Elle est le reflet le plus fidèle qui soit de tout ce qui peut animer, émouvoir, amuser, indigner, agiter, bouleverser ou faire rêver une société tout entière. Elle est le miroir le plus fiable qu’une communauté puisse se tendre à elle même. Dans ces perspectives, déjà plus ou moins évoquées dans cette régulière chronique, réjouissons-nous de la parution très récente d’un album concocté par I Messageri. (1). Son titre : « Pè falla campà ». Quatorze pièces chantées le composent. On les écoute dans l’appréciation que permettent deux voix sincères et belles tant par leur timbre que dans les textes qu’elles profèrent. Celles de Fabrice et de Jean -Michel Andreani. L’Ensemble orchestral qui les soutient se remarque par sa qualité estimable, par sa discrétion et son goût. Chose plutôt rare en ces temps où le mélange bruyant et confus des sons tient bien trop souvent lieu de musique. Puisse-t-on ne pas trouver là un refus de la pop musique née d’exigences sociales et culturelles, mais seulement la prétendue musique qui y supplée, goulûment digérée par les sots. Et ils sont légion. Evoquons quelques titres du CD concerné : « Pè falla campà », « Duve hè », « Dimi quandu », « Che tu », « Chi ti manca », etc…..Les textes sont de M. Ventura, H.Olmeta, J.L. Filippi. Cet album est fidèle à l’empreinte du groupe. Il sera suivi d’une tournée insulaire et nationale. Dès leur premier disque, I Messageri portèrent un message de fraternité, d’amitié, d’amour, et s’ils égrènent encore ces thèmes en chansons, ils sont appréciés pour l’authenticité qui les façonne. Illusion ? Non. Parmi tant de désordres économiques et sociaux qui minent toujours cette communauté, on ne chantera jamais trop les exigences du cœur, siège des sentiments, du courage et de la générosité. Ce sont désormais sept chanteurs qui ravissent les quatre coins de l’Ile et d’ailleurs (Aix en Provence, Strasbourg, Chamonix, mais aussi l’Allemagne avec une représentation remarquée au Casino de Sarrebruck en 2002.)
Vincent Azamberti
(1) AJMFA IMS O3/ 2