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LE RÊVE PASSE

jeudi 26 mai 2011, par Journal de la Corse

Amaury vassili

Sognu, une belle chanson au texte poétique et à la mélodie harmonieuse. Un ténor de qualité au timbre bronzé. Tous les pronostiqueurs annonçaient sa victoire. On comprend la déception d’Amaury Vassili qui arrive seulement en quinzième position. Elle est largement partagée par les téléspectateurs français. Les Corses sont d’autant plus navrés que le chanteur avait porté la langue corse sur la scène de Düsseldorf et sur tous les écrans de télévision européens. Enfin, les meilleurs concurrents appréciaient le chanteur français et sa qualité d’interprétation, en l’ayant écouté aux répétitions de ce concours de l’Eurovision.

Ils ont félicité Amaury Vassili comme l’on fait les Irlandais ou les Britanniques. Et pourtant le songe s’est évanoui. Seule consolation, la chaîne de télévision FR3 qui retransmettait la scène de Düsseldorf où se produisaient les équipes a battu le record des parts d’audience avec presque cinq millions de téléspectateurs. L’audience a devancé même celle de la finale de la Coupe de France. Et lorsqu’Amaury a effectué son tour de chant, le nombre de téléspectateurs est passé à six millions quatre cent mille. Sur la scène de l’Eurovision, notre artiste n’a pas démérité. Sa prestation a été remarquable. Alors comment expliquer le résultat ? Peut-être l’art lyrique qu’il représentait était trop classique dans une soirée bigarrée où ne manquaient pas les équipes dignes tout au plus du patronage. Ce qui nous frappe cependant c’est un système de notation bancal moitié vote public, moitié vote élitiste du jury des experts. On a pu remarquer toute la soirée les échanges de bons procédés et de voix de proximité au sein des pays de l’Est ou de la Baltique. L’Ukraine et la Russie - la Géorgie et l’Azerbaïdjan - la Macédoine, la Serbie et la Slovénie - la Norvège et l’Islande etc… se renvoyaient des notes d’excellence. Le nationalisme des supporters se donnait libre cours. Certes, les professionnels du jury essayaient de compenser ce déséquilibre. Mais on a pu enregistrer des couacs et non des moindres. Ainsi la France a offert douze points au Suédois qui était son concurrent immédiat tandis que la Suède ne donnait que deux points au chanteur français. Et puis, jusqu’où va l’Europe ? Il faut regarder l’Eurovision pour apprendre que l’Azerbaïdjan en fait partie. Surtout on peut penser qu’Amaury Vassili, désigné comme le gagnant par les bookmakers, était devenu la cible de tirs d’élimination pour des stratégies tordues. D’autant plus que l’anglais était la langue dans laquelle chantaient beaucoup de participants. Or, l’on sait que la traduction ne peut rendre la beauté originale d’un texte, ce qui compte aussi pour la chanson. Mais Amaury Vassili gagnera d’autres lauriers. Courage !

Marc’Aureliu Pietrasanta

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