Michel Vaillant, le pilote automobile le plus célèbre de la bande dessinée, est de retour pour un véritable événement bédéphile. « Au nom du fils » marque un tournant dans le monde « Vaillant », et le début d’une nouvelle saison qui promet. Un nouveau départ aussi, pour ce personnage, et cette série créée par Jean Graton en 1957. Cette fois, l’illustre auteur est entouré d’autres créateurs, Denis Lapière, Marc Bourgne et Benjamin Beneteau. Rencontre avec Jean Graton, un monstre sacré du 9e art.
Michel Vaillant revient à la compétition dans un championnat moins médiatisé. Comment avez-vous songé au World Touring Car Championship qui est le cadre du nouvel album ?
Philippe Graton : Dès le début de ma réflexion sur la Nouvelle Saison, j’avais imaginé que le retour de Michel Vaillant se ferait dans le WTCC, une compétition relevée qui correspondait bien aux exigences du scénario. Ce sont des courses où s’affrontent des voitures de séries, que tout le monde connaît car on peut les croiser au coin de la rue. Lorsque la nouvelle équipe a été formée, nous sommes partis tous les quatre en repérage sur le circuit de Monza, lors d’une des manches du championnat. Ce week-end au cœur de la course a permis une véritable transmission. J’ai donné à Denis Lapière, Marc Bourgne et Benjamin Beneteau mes trucs de reporter photographe pour se faufiler entre les barrières. Il est primordial d’être réaliste pour la crédibilité de la série. Ensuite la renommée de Michel Vaillant dans le monde de la course automobile nous inscrit dans un cercle vertueux, où les ingénieurs nous confient certains de leurs petits secrets. C’est ainsi que Denis Lapière a pu assister au débriefing des pilotes de l’équipe Chevrolet… Un moment rare !
L’équipe s’est retrouvée dans un périple quasiment journalistique ?
Philippe Graton : En quelque sorte. Ce qui est important, c’est que j’ai immédiatement senti que Marc et Benjamin étaient captivés par l’aspect reportage de ce week-end.
Quelle est la base du travail sur ce nouveau titre ?
Philippe Graton : Lorsque j’ai réfléchi aux lignes de la Nouvelle Saison, j’ai écrit un dossier qui nous sert de bible pour ce nouveau départ. Il y a les pistes scénaristiques pour une dizaine d’albums. Les histoires seront plus profondes et complexes, car les lecteurs sont plus exigeants aujourd’hui !
La série Michel Vaillant a rejoint les éditions Dupuis depuis janvier 2010. Pourquoi ce transfert ?
Philippe Graton : Je pense qu’il était temps pour Michel Vaillant de passer de l’écurie artisanale qui prépare sa voiture dans son garage à un team d’usine. Autrement dit, de confier le suivi éditorial à une grosse structure qui pourra atteindre nos nouveaux objectifs. Notre idée de la Saison 2, c’est de hisser la série vers le haut d’un point de vue stylistique et qualitatif.
Le contexte de l’automobile a également changé pour le constructeur Vaillante, comment le ressentez-vous ?
Philippe Graton : Je suis persuadé que Michel Vaillant est un héros de son temps. Quand mon père a créé la série, l’automobile était l’expression de la liberté, du génie technique… Tout au long du vingtième siècle, les voitures ont modifié nos vies. Aujourd’hui, la voiture doit se réinventer d’un point de vue technique et énergétique. Nous vivons une époque charnière et personne ne sait à ce jour quelle sera la bonne solution pour l’avenir. Qui sait comment nous vivrons la voiture dans les années à venir ? Cette interrogation coïncide avec mon envie de réinventer Michel Vaillant. La mutation de l’industrie et du sport automobile est comme un nouveau Far West pour quelqu’un qui réaliserait des westerns !
FMA