« Andammini », premier album
Chanteur du groupe Cinqui sò, Laurent Bruschini s’offre à 35 ans un album en solo, son tout premier opus construit sur un répertoire populaire et traditionnel avec avant tout son empreinte personnelle.
« Je ne suis pas doué pour décrypter le processus artistique, ce que j’ai à dire, je le chante », explique le chanteur. Ses émotions, son expérience artistique, ses ancrages culturels, il les chante dans son tout premier album intitulé « Andammini ». Neuf titres composent ce premier opus. Des instruments, une voix, des sonorités latines. Pas de polyphonie ni de musique traditionnelle comme on pourrait l’attendre d’un homme qui a construit sa notoriété tout d’abord avec Di Maghju, puis Cinqui sò. Le titre signifiant « M’en aller » est évocateur de cette volonté de prendre de la distance, tout comme la pochette de l’album qui le représente à l’aéroport d’Ajaccio.
Bossa nova, tango argentin, jazz manouche,…
Sans rien renier de ce patrimoine musical, l’artiste a souhaité présenter ses affinités. Toutes les chansons sont interprétées en langue corse, avec les intonations spécifiques que l’on rencontre dans le sud, et plus particulièrement à Palneca et à Serra-di-Scopamène, d’où il est originaire. « J’ai conservé une base traditionnelle pour de nombreux morceaux mais les arrangements ont été orientés vers ce qui m’inspiraient, raconte Laurent Bruschini. J’ai toujours travaillé sur la tradition, il était temps pour moi de m’en éloigner et d’entrer dans une phase de création. Je suis donc parti à la recherche de nouvelles sonorités musicales ». Il a composé deux textes, dont « Paris la belle » qui parlent de l’amour pour une femme et pour la capitale. L’écrivain Marcu Biancarelli lui a donné une chanson, le reste des titres appartient au répertoire corse. L’interprétation des titres s’inspire de la bossa nova, du tango argentin, du jazz manouche et des sonorités latines. Le chanteur s’est entouré de musiciens comme Michel Tomei (guitare nylon), Vitale Negroni (guitare manouche), Jérémy Lohier (accordéon, basse et cajon) et Antoine Ferrera (violon). « Ciucciarella » s’enrichit de la voix féminine et suave de Stéphanie Pruneta, tandis que l’accordéon diffuse une musicalité grave puis légère, avec le concours de la guitare manouche à la chanson « Manetta ». Cet album, il l’a construit pendant des années, en parallèle à sa carrière au sein de groupe Cinqui sò et enregistré l’hiver dernier dans le studio Made in casa de Jean-Pierre Godinat. « Je réalise que j’ai toujours rêvé de cet instant, explique-t-il en tenant dans ses mains son album, le premier de sa carrière en solo. Je me suis réellement épanoui dans la démarche du groupe, autant avec Di Maghju que Cinqui sò, mais je me rends compte que chanter seul correspond davantage à ma personnalité ».
Une tournée estivale
Alors que les groupent se forment au gré des étés et disparaissent parfois tout aussi rapidement, il n’est aujourd’hui pas aisé de se distinguer sur la scène musicale corse très fréquentée. Laurent Bruschini compte sur son originalité, son identité musicale et la justesse de son interprétation pour capter l’attention des mélomanes. Il a commencé une tournée de promotion, montera sur scène le 1er juillet sur la place Foch à Ajaccio puis entonnera ses chansons à Guagno, Olivesi, Zonza,… Une trentaine de dates est programmée tout au long de l’été. Aux concerts s’ajoutent des soirées cabaret où l’improvisation devient reine ou des apartés musicales dépouillées dans les églises des villages. Une tournée, un album en solo,…L’enthousiasme le dispute à l’appréhension. « Je ressens à la fois des craintes quant au devenir de cet album et à l’accueil du public, mais la fierté reste le sentiment qui domine cette aventure, la satisfaction d’être seul à porter ce projet. Je chante ce que je ressens. Je suis un acteur culturel et je milite à ma manière pour la langue corse. Mais c’est avant tout la musique qui me fait monter sur scène ».
M.K