« Echappée belle » Titre parfaitement mérité du magazine de France 5. Son auteur : Sophie Jovillard. Le téléspectateur est immédiatement saisi par sa compréhension des choses et des gens. Quelle capacité à faire émerger la beauté, le caractère et l’âme des lieux visités. A découvrir les gens habités par l’amour de leur pays et de leur métier. Et ce débat par Bonifacio ! Un raccourci de l’itinéraire à lui seul. Bonifacio, la merveille de la Corse, remise à sa place. Parmi les premières, parmi les beautés des rives de la Méditerranée occidentale. Ses « Bouches » contrôlant les trafics des flottes environnantes, ses falaises vertigineuses, ses grottes marines et ses plages. Mais aussi ses remparts, son port, ses rues, ses nombreuses demeures et ses monuments du XIIIe siècle. Un morceau de Moyen-âge presque entièrement conservé. Le site naturel d’une forteresse, tous deux peu communs et aussi une histoire pas ordinaire. A commencer par le début du peuplement de la Corse dont un abri sous roche garde le témoignage. On y découvrit le squelette de la « Dame de Bonifacio » Dix mille ans d’âge, l’aînée jusqu’à présent du peuple corse. Mais aussi début de la légende historique de cette île où l’itinéraire d’Ulysse trouve sa place avec les Lestrygons de l’Odyssée. La grotte de la Sdragonnata et sa toponymie antique en porte tout au moins le nom depuis la nuit des temps. Des hommes célèbres de l’Histoire comme Charles Quint ou Bonaparte y ont séjourné. Les monuments et constructions y rappellent histoire et légende, comme cet escalier taillé dans la falaise portant le nom usager anonyme mais « Roi d’Aragon ». L’art gothique ne figure en Corse qu’à Bonifacio. En particulier l’église Saint-Dominique qui fut construite par les Templiers et la forme octogonale du clocher en porte la marque encore aujourd’hui. Bonifacio a conservé sans interruption ses confréries et ses cérémonies religieuses bien connues, dont la célébration de la semaine sainte. Malheureusement le donjon (torrione), tour cylindrique de vingt quatre mètres de haut a été détruit en 1900. Il commandait le détroit et complétait ce type d’art de la fortification moyenâgeuse particulièrement beau et grandiose. Bonifacio dont la fondation remonte au VIIIe siècle et qui porte le nom de son fondateur est aujourd’hui tourné vers l’avenir avec son tourisme, sa gastronomie et son souci de l’environnement et de l’écologie. On a mieux compris que cette ville, agrippée aux rochers qui dominent et surplombent la mer, est un vestige unique. Elle se dresse altière comme si elle voulait repousser encore les attaques d’ennemis invisibles en étalant une force orgueilleuse. Son site naturel et son architecture en font « la merveille » de la Corse.
Marc’Aureliu Pietrasanta