Noël se profile. La musique y trouve une date où elle est reine. Comment alors ne pas penser, par exemple, au superbe Oratorio de Noël de J.S. Bach ? L’Oeuvre est divisée en six parties qui représentent les musiques du service religieux du premier jour de Noël jusqu’à l’Epiphanie. Les auditeurs de l’époque (XVIIIe siècle) furent certainement impressionnés par cet ouvrage qui parvient à allier de façon magistrale les richesses formelles de la Cantate à des passages du récit biblique de Noël, soigneusement choisis par le compositeur. La « sinfonìa » (1) qui au début de la deuxième cantate introduit la scène nocturne avec les bergers de la campagne et l’annonce, par l’Ange, de la naissance du Christ, est véritablement unique. Une composition tellement pénétrante et intériorisée ! Une version très émouvante de l’Oratorio de Noël en deux albums contient l’œuvre en son entier. Elle est conduite par René Jacob, avec en solistes Dorothea Röschmann, soprano, Andreas Scholl, alto, Klaus Häger, basse, le Rias-Kammerchor de Berlin et l’Orchestre de l’Akadémie für Music de Berlin aussi (2). Cette version est considérée comme l’une des meilleures proposées sur le marché du disque. L‘ouvrage est admirable. L‘une des partitions majeures dans l‘immense création de Bach.Du côté de l‘interprétation, des solistes vocaux tout à fait à leur affaire, un chef d’orchestre passionné par le répertoire baroque, un orchestre dont il vient d’être dit ce qu’il est. J.S. Bach. Clef de voûte de toute la musique d’Occident, a-t-on pu écrire, dont les lignes de force tendent vers lui ou bien en sont issues, domine le temps et l’évolution de la musique européenne. La polyphonie fête chez lui son apogée. Il fut, mais quel mélomane l’ignore encore ? L’un des plus hauts génies dramatiques de tous les temps. Avec cela, capable de la joie la plus débridée, de la truculence la plus saine. C’est à Hoffmann (3) que l‘on doit les propos qui vont suivre. Ils paraissent propres à se justifier quant à la manière dont on les applique aux plus grands. « L’esprit, qui domine tout, pousse sans cesse en avant ; elles ne reviendront plus les figures disparues qui vécurent en chair et en os en ce monde, mais la véracité est un principe éternel, impérissable et une communauté merveilleuse établit un lien mystérieux entre passé, présent et futur. Les grands, les anciens maîtres vivent encore en esprit et leurs chants ne se sont pas éteints. »
Vincent Azamberti
(1) Sinfonia : page d’orchestre seul
(2) Harmonia mundi HMX 2901630 31
(3) Hoffmann : (1776-1827). Ecrivain et compositeur Allemand. Un des précurseurs de la pensée musicale romantique.