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L’HISTOIRE IMMÉDIATE

jeudi 22 mars 2012, par Journal de la Corse

Campagne électorale enfin élargie. Sortie du pré carré franco-français. Normal ! Non ? Dans un monde « mondialisé » où tout se tient. Et plus encore dans un continent européen où tous les membres de ce corps sont retenus par des fils innombrables comme ceux du géant Gulliver. L’Europe, idéal chanté par les poètes, confronté à la réalité des architectes. Un candidat vient d’ouvrir à son sujet l’horizon du destin en évoquant les noms d’un poète et deux architectes, le ciel et la terre vus de la France. Soit Victor Hugo, Maurice Schuman et Jean Monnet. On pourrait citer bien d’autres noms fondateurs bien sûr. Restons-en à Victor Hugo puisque son nom a été prononcé. Et lui s’était exprimé lors du congrès de la paix réuni à Paris le 21 août 1869. « Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le véritable arbitrage d’un grand sénat souverain, ce que le parlement est à l’Angleterre ! Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les océans, échangeant leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts. Ce texte hugolien peut-être considéré comme représentatif des idées et de la pensée… de bien des grands européens. Abordant la seconde moitié du XXe siècle, l’Europe était sortie d’une guerre mondiale désastreuse considérablement affaiblie, détruite, amoindrie et scindée en deux par le rideau de fer, coincée entre deux super puissances. La victoire des démocraties ne supposait pas à écarter le spectre de la décadence de l’Europe. Pour éviter ce déclin les chefs d’Etat des six pays concernés décidèrent de s’unir. L’histoire avait démontré qu’une puissance économique se bâtit d’abord par une protection douanière. Il en a été ainsi pour l’Angleterre, les Etats-Unis, l’Allemagne ou le Japon. C’est pourquoi le traité de Rome de 1957, à l’origine de l’actuelle union européenne à travers la CEE (communauté économique de l’Europe) prévoyait l’établissement d’un tarif douaniers commun et d’un politique commerciale commune. Mais aujourd’hui, par application d’une politique ultra libérale, l’Europe, sa monnaie unique et la zone euro se trouvent au cœur de la tourmente d’une gigantesque crise mondiale. C’est un défi pour l’Europe. Ce qui a été construit en cinquante ans va-t-il s’effondrer dans cette guerre monétaire et commerciale ? L’Union européenne, sans perdre sa puissance, peut-elle ne pas se protéger en l’absence d’une régulation des échanges et des marchés mondiaux ? Peut-elle, demandent certains, demeurer un « espace- passoire » sans réagir ? Faut-il avancer dans la construction d’une gouvernance politique de l’Union-Européenne ? Tels apparaissent les enjeux de cette crise tout à fait nouvelle. En tout cas le débat de vérité pour l’avenir de l’Europe et des nations orbitales vient d’être ouvert en France. Il semble bien qu’il ne puisse être évité. Le sort de l’Europe et de ses nations est entré dans le domaine de l’histoire immédiate.

Marc’Aureliu Pietrasanta

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