« Voyageur » est un projet original réunissant autour de deux chefs d’orchestre, Eric Stalner et Pierre Boisserie, six dessinateurs prestigieux. La série est composée de trois cycles et quatre albums, chacun publiés entre 2007 et 2011, complétés du tome conclusif « Omega ». Juanjo Guarnido, créateur du best-seller « Blacksade », a signé toutes les couvertures et l’album « Omega ». Rencontre avec une star du 9ème art...
Comment et pourquoi avez-vous décidé de travailler sur le projet « Voyageur » de Stalner et Boisserie ?
Pierre et Eric m’ont sollicité pour participer au projet « Voyageur » en tant qu’illustrateur des couvertures dans le but de donner une homogénéité à l’ensemble des unes, sachant que les dessinateurs des différents épisodes allaient se succéder et que leurs styles étaient divers. J’ai aimé le propos d’ensemble de la série et le coté alambique propres aux récits de voyages dans le temps, et j’ai voulu participer de façon plus engagée dans la série. J’ai proposé de dessiner le dernier tome et ils ont accepté.
Quels challenges particuliers avez-vous rencontré lors de votre contribution à cette série, notamment la participation de nombreux dessinateurs ?
Il n’y a pas de cohérence esthétique dans cette série, car le but était au contraire d’apporter la « patte » de chaque dessinateur au collectif. Pour les couvertures, comme pour le tome « Omega », j’ai simplement dessiné à ma façon, tout comme les autres dans leurs épisodes respectifs. Je ne qualifierais pas de challenge le fait de devoir reprendre les personnages créés par les autres dessinateurs car cela relève plus de l’interprétation personnelle ne peut-même devenir assez jouissif.
C’est la première fois de votre carrière que votre trait est réaliste : comment avez-vous abordé ce nouveau style ? Pensez-vous le mettre à nouveau en œuvre ?
Pour moi, « Blacksade » entre dans un créneau tout à fait réaliste, même si les personnages sont zoomorphes et malgré la liberté que je prends pour en rendre certains plus caricaturaux, ou même « cartoon ». Cela dit, j’ai commencé cet album dans un registre légèrement caricatural proche du magnifique travail de Sylvain Vallée dans « Il Etait une fois en France ». Toutefois, mon dessin est devenu de plus en plus réaliste en cours d’album, surtout quand les personnages du premier cycle sont entrés en jeu. J’ai beaucoup aimé d’ailleurs, travailler dans ce style, mais je ne sais pas encore, si prochainement, j’aurai entre les mains un projet qui requière ce genre d’approche graphique. Quoique...
Vous vous êtes senti à l’aise dans le genre Science Fiction ?
Pour les curieux, je dirais que presque toutes mes BD de jeunesse sont de la Science Fiction. Je m’en suis un peu lassé par la suite, trouvant qu’il y avait déjà beaucoup de gens bien plus talentueux et inventifs que moi sur ce créneau. C’est curieux, car le polar n’était pas vraiment un genre qui me tentait spécialement en tant que créateur, avant de dessiner « Blacksade ». Et pour ce qui est d’un projet collectif, ce fut une expérience intéressante et gratifiante... Mais on ne m’y attrapera plus ! Trop de paramètres à gérer pour un autre assez maniaque comme moi (rires).
Francescu Maria Antona